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Archive for septembre 2012

des tensions toujours présentes au Kosovo

28 septembre 2012 Laisser un commentaire

Voici un article de Novopress.info du 27 septembre 2012, qui présente un nouvel aspect des tensions au Kosovo. C’est la communauté chrétienne qui est visée, suite à l’affaire du film anti-islam et des réactions fanatiques des intégristes (Source : http://fr.novopress.info/120997/islam-et-persecutions-qui-sauvera-les-chretiens-du-kosovo) :

Islam et persécutions : qui sauvera les chrétiens du Kosovo

27 septembre 2012

Entretien avec Arnaud Gouillon, président de Solidarité Kosovo

La parution d’un film « anti-islam » de série Z – qui serait resté méconnu si des musulmans ne l’avaient pas eux-mêmes monté en épingle – et une page de caricatures dans « Charlie Hebdo » ont suffi pour que le monde islamique entre en ébullition et que certains musulmans vivant sur notre sol se prétendent « victimes » des persécutions haineuses d’un Occident diabolique.

La réalité, c’est que, aujourd’hui, en Europe, les vraies victimes de persécutions religieuses sont des chrétiens : ils sont orthodoxes et vivent au Kosovo. Leurs bourreaux, eux, sont des musulmans. Et on est assez loin d’une poignée de caricatures ou d’une bande-annonce sur Internet. Là-bas, la violence n’est pas virtuelle. Le sang coule pour de vrai, les flammes des incendies sont réelles, les larmes des femmes et des enfants aussi. Mais aucun journal, aucune association droit-de-l’hommiste ne s’en émeut. « Minute » fait le point sur cette situation dramatique avec Arnaud Gouillon, président de Solidarité Kosovo (SK), une ONG venant en aide à ces chrétiens menacés de disparaître du sol européen.

Minute : Quelle est la situation actuelle des Serbes orthodoxes du Kosovo ?

Arnaud Gouillon : Hélas, les Serbes y vivent toujours comme des citoyens de seconde catégorie. Pas un jour ne passe sans qu’il y ait des incidents contre les chrétiens du Kosovo. Pris à partie, houspillés, insultés, rackettés, volés et même tués, voilà la vie des Serbes orthodoxes en 2012 dans une Europe qui se gargarise de la défense des minorités. En dix ans, 150 églises ont été rasées et 400 mosquées ont été construites.

Les habitants vivent dans des ghettos qu’on appelle « enclaves », à la merci d’une razzia ou d’un pogrom anti-chrétien ou anti-serbe, car les questions ethniques et religieuses se chevauchent étroitement dans cette région du monde. Ils n’ont pas le droit de travailler en dehors des enclaves, car les emplois sont réservés aux Albanais musulmans. Ils n’ont pas non plus le droit de se faire soigner dans les hôpitaux. En cas d’urgence, ils doivent aller dans le nord du Kosovo, dans la grande enclave de Mitrovica, où il y a un hôpital serbe. Mais ils le font à leurs risques et périls, car, s’ils ne sont pas protégés par la K-for – la force de l’OTAN dé tachée pour maintenir l’ordre – ils peuvent se faire caillasser, agresser ou bien passer à tabac… Les autorités kosovares coupent régulièrement l’eau et l’électricité des enclaves, ou brouillent la réception des téléphones. S’il n’y a pas d’épicerie serbe dans le village, il faut aller faire ses courses à des kilomètres de distance, souvent à pied, dans l’enclave voisine. Et, le reste du temps, comme l’agriculture ou l’élevage à grande échelle sont rendus impossibles par les destructions et les vols, les chrétiens ne peu vent compter que sur leur potager, un petit poulailler, ou l’aide humanitaire que nous apportons.

En juillet dernier, un couple de Serbes a été assassiné dans l’enclave de Talinovac…

Hélas, c’est exact. Il s’agissait de Milovan Jevtic et sa femme Liljana, des Serbes qui ont décidé de revenir vivre au Kosovo-Métochie après la guerre. Milovan et Liljana avaient réussi à surmonter leur peur et avaient décidé de revenir habiter chez eux, sur la terre de leurs ancêtres, malgré les menaces et la violence de certains voisins albanais.

Huit ans après leur retour, le vendredi 6 juillet, ils passaient tranquillement la soirée dans leur maison, comme tout le monde : c’est là qu’ils ont été assassinés par un ou plusieurs fanatiques, avec une arme de calibre 7.62 [celui du kalachnikov, ndlr]. Trois bénévoles de notre association se sont rendus dans ce village pour apporter de l’aide à leurs proches et aux autres chrétiens de l’enclave.

Est-ce rare ?

Disons que c’est régulier. Les persécutions peuvent aussi prendre la forme de menaces. J’ai rencontré, l’an dernier, un couple de chrétiens qui avait décidé d’émigrer en Serbie : après de multiples agressions et cambriolages, des islamistes ont dé posé un sachet de mort aux rats en évidence dans leur garde-manger ! La menace était explicite.

Que fait Solidarité Kosovo face à ce genre de périls ?

Nous ne pouvons qu’agir sur le plan humanitaire. C’est la K-for qui est théoriquement chargée de protéger ces malheureux.

Pour notre part, nous aidons les familles chrétiennes à acquérir une autonomie financière afin de leur offrir une possibilité de vivre dignement de leur travail. J’ai fondé SK au moment des pogroms antiserbes de mars 2004, au cours desquels trente églises ont été rasées, plusieurs villages incendiés et des milliers de Serbes orthodoxes persécutés.
Islam et persécutions : qui sauvera les chrétiens du Kosovo

En réunissant quelques personnes de bonne volonté, nous avons organisé un premier convoi humanitaire pour Noël 2004. Outre des vêtements, du matériel scolaire et de l’alimentation, notre camion apportait des jouets (photo ci-dessous) aux enfants chrétiens des enclaves afin que leurs parents aient, malgré une misère noire, un petit cadeau à mettre au pied du sapin.
Islam et persécutions : qui sauvera les chrétiens du Kosovo

 

Depuis, vous continuez ?

Oui. SK s’est rapidement développée et, outre l’incontournable convoi de Noël, nous organisons plusieurs expéditions humanitaires par an. Nous avons également augmenté le volume de nos cargaisons, passant de un à trois camions !

Mieux : actuellement, nous affrétons un poids lourd pour transporter de la nourriture, afin d’aider les chrétiens à tenir bon !

Islam et persécutions : qui sauvera les chrétiens du Kosovo

Déchargement au Kosovo de 10 tonnes d’aide alimentaire et 30 000 repas individuels

Ce petit miracle s’explique par l’aide de partenaires qui nous fournissent une partie de l’équipement et par des donateurs chaque fois plus nombreux, qui nous accompagnent tout au long de l’année. C’est grâce à leur générosité que nous pouvons nous faire connaître et prévoir des projets de plus en plus ambitieux. Sur place, nous avons également multiplié les contacts avec les médias, bien sûr, mais surtout avec l’Eglise orthodoxe serbe.

Le contact semble meilleur qu’avec d’autres associations humanitaires…

Oui, car contrairement aux autres ONG, nous sommes en phase avec le clergé orthodoxe, puisque nous fondons nos vies sur les mêmes principes ! Solidarité Kosovo est la principale ONG présente dans les enclaves chrétiennes, et la seule à travailler en partenariat officiel avec l’Eglise serbe du Kosovo, qui remplace l’Etat dans cette région. Le patriarcat serbe nous a choisi pour mettre en place un bureau de centralisation de l’aide humanitaire. C’est un grand honneur et une immense preuve de confiance. Le Kosovo ne possédait pas de structure pour gérer l’aide humanitaire et ne pouvait pas faire remonter les besoins des gens jusqu’aux ONG. SK a donc ouvert ce bureau en aménageant des locaux et en salariant plusieurs personnes.

L’objectif est de dresser un inventaire précis des besoins : quel dispensaire médical doit renouveler son matériel, où se trouvent des familles en grande difficulté ou des personnes âgées isolées, quelle école a besoin de tables et de chaises…

Quelles sont vos dernières réalisations ?

Cet été, nous avons organisé une classe de mer (vidéo ci-dessous). Durant dix jours, du 15 au 25 août, grâce à la générosité de nos donateurs et au soutien de l’Eglise serbe du Kosovo, qui était partenaire de cette opération, nous avons pu emmener 40 petits chrétiens au Monténégro, où ils ont vu la mer pour la première fois de leur vie. Pour la première fois également, ils ont eu la possibilité de partir en vacances et de vivre tranquilles, loin des dangers. Vous n’imaginez pas la joie de ces gosses qui se baignaient et jouaient à la plage comme n’importe quel petit Européen. Nous leur avons également fait faire une balade en mer : ils étaient hypnotisés !

Est-ce suffisant ? Car après, ils reviennent toujours dans leurs ghettos…

Certes, mais nous suivons les enfants sur le long terme et attachons beaucoup d’attention à l’éducation et à l’instruction. Depuis sa création en 2004, SK a toujours eu comme priorité d’aider les plus petits, en soutenant notamment les initiatives scolaires. L’instruction revêt une symbolique toute particulière pour les enfants serbes du Kosovo-Métochie, puisqu’elle est synonyme d’apprentissage de sa langue et de son Histoire. C’est la raison pour laquelle les écoles chrétiennes sont mises au ban du Kosovo, sans soutien matériel ni financier. L’entretien et la rénovation des classes en sont alors réduits au strict minimum.

D’où votre projet de rénovation d’école ?

Oui, toujours en partenariat avec l’Eglise orthodoxe. Cet été, après plusieurs jours de visites et de discussions, notre choix s’est porté sur l’école du village de Straza, non loin de deux autres enclaves…

Pourquoi cette seule école, et pas d’autres ?

Parce que, malheureusement, nos moyens ne sont pas illimités et que nous ne pouvons pas faire autrement. Nous irons les aider dès que possible. En attendant, il leur faut tenir bon. Pour tout dire, nous avons sélectionné l’école à rénover en fonction du nombre d’élèves et de la vétusté des lieux, en apportant une attention toute particulière à l’isolation et au chauffage. Cette école, située dans un village montagnard, a été construite dans les années 1960. Elle accueillait 150 élèves avant la guerre et n’en compte plus qu’une quarantaine aujourd’hui.

L’infrastructure, qui n’a jamais été rénovée, est totalement délabrée : béton pourri, vitres cassées, bloc sanitaire repoussant, chauffage et isolation absents… Les plafonds des quatre salles de classe sont noirs de la suie déposée par la fumée des poêles à bois, qui font office de chauffage l’hiver. L’autre avantage de ce projet, c’est que nous faisons travailler des ouvriers chrétiens, ce qui permet de redynamiser un peu le tissu socio-économique local.

Islam et persécutions : qui sauvera les chrétiens du Kosovo

L’école de Straza

Islam et persécutions : qui sauvera les chrétiens du Kosovo

… et son chauffage.

Ces enfants ont-ils vraiment un avenir au Kosovo ?

Oui, car ils sont charnellement attachés à leur terre et ne partiront que sous la contrainte. Leur existence est comparable à celle des chrétiens d’Orient, également persécutés, mais qui refusent de quitter leur patrie. En outre, en Serbie, le président Tomislav Nikolic annonce un renforcement du soutien diplomatique de Belgrade envers les chrétiens du Kosovo : en juillet, Nikolic a clairement affirmé que ces populations vivaient « sous la menace d’un nettoyage ethnique ». Il a mis en garde la communauté internationale en disant que si Pristina imposait son ordre aux chrétiens du Kosovo, « cela déboucherait sur un génocide ». L’Union européenne pourrait entendre cette mise en garde.

Pourrait-elle répondre positivement, selon vous, au voeu de partition du Kosovo demandé en juillet par le premier ministre serbe Ivica Dacic ?

C’est un débat épineux. Cela ne serait possible que si Pristina y trouvait son compte en récupérant une terre à majorité albanaise du sud de la Serbie. Bruxelles y est fermement opposée. Mais – selon la presse anglo-saxonne et un récent article du « Figaro » – certains diplomates, à Washington, y penseraient sérieusement, « pour vider l’abcès ». Ce n’est toutefois pas la position officielle des Etats-Unis. En attendant, le conflit est gelé : il nous faut donc travailler d’arrache-pied pour permettre aux chrétiens du Kosovo de ne pas disparaître de leur propre terre !

Propos recueillis par Patrick Cousteau

Article de l’hebdomadaire “Minute” du 26 septembre 2012 reproduit avec son aimable autorisation. Minute disponible en kiosque ou sur Internet.

Crédit photos : Solidarité Kosovo.

 

La question la plus importante est celle-ci : au vu de la tension depuis l’indépendance du Kosovo (dont j’ai parlé dans de précédents articles), quelle est la solution apportée par les dirigeants européens ?

Quelle réaction de leur part, attend-on que la population se saisisse du problème et le règle à sa manière (les Serbes du Kosovo ou de Bosnie ont le soutien de la Serbie, laquelle a le soutien de Moscou…) ?

Il sera trop tard pour réagir si un nouveau conflit armé éclate dans cette région du monde, à nos portes….

Catégories :Kosovo-Balkans

Kosovo, entre indépendance et polémique….

10 septembre 2012 Laisser un commentaire

La situation du Kosovo depuis son indépendance en 2008 ne cesse de se fragiliser. On ressort les fantômes du placard sur des sujets brûlants dont personne n’a eu le courage d’affronter. Aujourd’hui, les tensions restent très vives et des décisions prises ont des  conséquences bien au-delà des frontières des Balkans.

Le Kosovo, acteur inattendu dans le conflit syrien

Le Monde.fr | 18.05.2012 à 19h16 • Mis à jour le 18.05.2012 à 19h16 – Par Piotr Smolar

Le Kosovo, nouveau centre de formation pour rebelles syriens ? La Russie semble le penser. Le 14 mai, lors d’un débat au Conseil de sécurité de l’ONU, son ambassadeur, Vitali Tchourkine, a fait état « d’informations de presse troublantes selon lesquelles les autorités du Kosovo établissent des contacts avec des représentants de l’opposition syrienne pour entraîner des insurgés » syriens sur son territoire.

 M.Tchourkine a évoqué un « grave facteur de déstabilisation » pour les Balkans et dénoncé une « dérive ». Ces inquiétudes ont été relayées par les médias, aussi bien en Russie qu’en Serbie. On y retrouve le fantasme d’une opération américaine en sous-main, visant à former les combattants syriens dans les anciens camps de la guérilla albanaise, qui elle-même fut assistée par des instructeurs étrangers à la fin des années 1990. A une différence près, et non des moindres : l’opération aérienne de l’OTAN, en 1999, contre le régime de Slobodan Milosevic fut à l’époque déterminante pour le succès de l’Armée de libération du Kosovo (UCK). Nulle question de cela, aujourd’hui, contre le régime syrien. Dans son bureau au Foreign Policy Club à Pristina, Veton Surroi a pris connaissance de ces déclarations avec une dose de dérision. Intellectuel et politicien de renom, créateur du quotidien Koha Ditore, c’est lui qui a été l’initiateur de la venue d’une délégation syrienne, le 26 avril, dans la capitale kosovare. « Les propos tenus à l’ONU sont un non-sens. Il n’y a aucun projet de formation ici. Si les Syriens veulent s’entraîner, ils peuvent le faire en Turquie ou en Jordanie. Et puis l’UCK était loin d’être une organisation militaire brillante… »

RETOUR SUR EXPÉRIENCE

Interrogées par les médias du pays, les autorités kosovares ont exprimé un point de vue similaire, le patriotisme militaire en plus. Selon Vlora Citaku, ministre pour l’intégration européenne, « l’UCK est une des guérillas les plus efficaces dans l’histoire du monde moderne et son expérience, en matière de lutte pour la liberté ou de transformations réussies, peut servir de leçon pour les autres. Cependant, nous n’avons aucune forme de camp d’entraînement pour les soldats de la guérilla syrienne. » La délégation reçue à Pristina était composée de deux hommes du Conseil national syrien (CNS) et d’Ammar Abdulhamid, un dissident vivant à Washington. Ils ont pu rencontrer le ministre des affaires étrangères du Kosovo, Enver Hoxhaj, ainsi que le dirigeant nationaliste Albin Kurti. Selon Veton Surroi, il s’agissait pour les Syriens de faire une sorte de retour sur expérience avec les anciens combattant albanais.Comment réunir les groupes éparpillés sur le territoire? Comment trouver les sources de financement? Comment rassurer les minorités dans le pays ? « Leurs faiblesses sont les mêmes que les nôtres : la désorganisation, l’absence de lien clair entre les militaires et les politiciens, résume M. Surroi. On leur a dit qu’ils devaient avoir une approche ouvrant la voie à une solution négociée. On ne peut entrer dans un dialogue en excluant l’interlocuteur adverse, Al-Assad. » Chez les Européens, on ne sent pas non plus d’inquiétude particulière devant ces contacts. « Les Syriens essaient de rencontrer le plus de monde possible et de voir en quoi les expériences des dernières années peuvent les aider à progresser, explique un diplomate européen à Pristina. Pour les Kosovars, c’est une manière de jouer sur la scène internationale. »

Piotr Smolar

 

Le Kosovo accède à la pleine souveraineté

LE MONDE | 08.09.2012 à 11h58 • Mis à jour le 10.09.2012 à 11h40 – Par Piotr Smolar

Après l’indépendance, la souveraineté. Brique après brique, l’Etat kosovar se construit, assisté par l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis. Lundi 10 septembre, l’ancienne province serbe va effectuer un nouveau pas en avant dans sa jeune histoire, avec la fin formelle de la supervision internationale. Chargé de cette mission, le Bureau civil international (ICO) va fermer à Pristina. Après une session du Parlement, un feu d’artifice devrait saluer l’événement dans la capitale.

 Inutile toutefois de s’attendre aux mêmes démonstrations de joie que le 17 février 2008, au moment de la proclamation unilatérale de l’indépendance, reconnue depuis par 91 Etats. Ces jours-ci, l’atmosphère dans le pays est dépressive. « Cette supervision n’a pas été un brillant succès, relève Veton Surroi, fondateur du quotidien Koha Ditore et président du Foreign Policy Club. On met un terme à un processus qui n’a pas produit les résultats escomptés : pas d’Etat fonctionnel, et encore moins de démocratie. Les dernières élections ont été frauduleuses de l’avis de tous et des structures politiques criminalisées sont au pouvoir. » La fin de la supervision internationale place les dirigeants kosovars devant leurs responsabilités, mais elle accroît aussi la pression sur leurs homologues serbes, qui refusent toujours de reconnaître leur voisin. « Dès l’an prochain, il n’y aura plus de représentant international au Kosovo avec des pouvoirs exécutifs, explique par téléphone le ministre des affaires étrangères du Kosovo, Enver Hoxhaj. Ça va changer la nature de nos structures étatiques, la façon dont on se perçoit et dont nous sommes perçus à l’étranger. »

 

LA PRÉSENCE INTERNATIONALE NE VA PAS DISPARAÎTRE SOUDAINEMENT

Le représentant dont parle en creux le ministre est le Néerlandais Pieter Feith, chef de l’ICO, souvent présenté dans la presse locale comme un proconsul. Mais la présence internationale, incontournable depuis la fin de la guerre contre la Serbie en 1999, ne va pas disparaître soudainement. Le Parlement kosovar a adopté plusieurs lois modifiant la Constitution, afin de permettre l’exercice d’une pleine souveraineté. Or ces amendements ne concernent pas le statut et le rôle de la KFOR, la force militaire de l’OTAN, ni d’Eulex, la mission civile européenne déployée dans le pays. Au contraire : la présence d’Eulex, visant à enraciner l’Etat de droit, a été prolongée, vendredi 7 septembre, par un vote au Parlement kosovar, jusqu’en juin 2014. Les magistrats, les douaniers et les policiers européens vont donc poursuivre leur action d’assistance et de formation auprès de leurs homologues locaux. Il s’agit d’une garantie rassurante pour les minorités serbes au sud du pays. La supervision internationale était prévue en 2007 dans le plan de l’envoyé spécial des Nations unies, Martti Ahtisaari, attendu comme invité d’honneur lundi. Depuis quatre ans, c’est le groupe d’orientation international (ISG) qui a veillé à l’application de ce plan. Rejeté par la Serbie et la Russie, l’ISG est composé de 25 pays, dont 22 membres de l’UE plus la Suisse, les Etats-Unis et la Turquie. Les cinq membres de l’UE manquant à l’appel ne reconnaissent pas l’indépendance du Kosovo. Cette division européenne explique en partie la lenteur extrême des progrès dans le dialogue avec la Serbie, faute d’une pression extérieure efficace. Le 11 septembre, pendant que le Kosovo fêtera sa pleine souveraineté, le président serbe, Tomislav Nikolic, sera à Sotchi, pour rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine.

 

STRUCTURES PARALLÈLES

L’échec majeur de la supervision internationale est le statu quo dans le nord du Kosovo, qui demeure de facto coupé en deux. Mitrovica nord et les localités à population serbe qui se trouvent autour s’opposent à tout rattachement au Kosovo. A Pristina, les autorités refusent d’envisager, au nord, autre chose qu’une large décentralisation, prévue dans le plan Ahtisaari. Ils rejettent l’idée d’une partition ou d’un échange de territoires, parfois évoquée en Serbie. Le gouvernement kosovar, qui a ouvert un bureau administratif à Mitrovica Nord, souhaite organiser des élections locales dans les municipalités serbes. Mais il réclame d’abord le démantèlement des fameuses structures parallèles, contrôlées selon lui par Belgrade, « qui tiennent en otage la population depuis treize ans », selon M. Hoxhaj. Vendredi, un véhicule d’Eulex a été visé par des tirs dans la commune de Zubin Potok. Les intentions des dirigeants serbes demeurent obscures depuis la victoire des nationalistes aux élections générales, le 6 mai. L’UE répète que l’intégration est conditionnée à une normalisation des relations entre Belgrade et Pristina, mais sans exiger une reconnaissance claire. Pour l’heure, le dialogue entamé depuis mars 2011 entre les deux capitales n’a pas repris. « On est déjà parvenus à sept accords techniques, rappelle Enver Hoxhaj. Avant toute reprise du dialogue, ils doivent être mis en oeuvre, en particulier la gestion intégrée des frontières, qui est une reconnaissance de facto du Kosovo par la Serbie. L’UE doit exercer une pression sur la Serbie en ce sens. Le destin de la Serbie est à l’intérieur de ses frontières, pas à l’extérieur. »

Piotr Smolar

La Serbie dit avoir un témoin du trafic d’organes au Kosovo

Le Monde.fr avec AFP | 10.09.2012 à 11h32

La justice serbe a affirmé, dimanche 9 septembre, disposer d’un témoin qui aurait participé au trafic présumé d’organes prélevés sur des Serbes durant le conflit du Kosovo par la guérilla kosovare – une affaire qui fait l’objet d’une enquête internationale.

 « Nous avons une personne qui témoigne sur une procédure médicale, faite dans le nord de l’Albanie, portant sur des prélèvements d’organes sur des Serbes enlevés durant le conflit de 1998-99 au Kosovo » entre la guérilla indépendantiste albanaise kosovare et les forces serbes, a affirmé le procureur serbe Vladimir Vukcevic. Il a précisé que le témoin était « un Kosovar albanais ayant pris part au conflit », qui affirme avoir suivi une formation de prélèvement d’organes et avoir participé lui-même à une opération au moins. « Il décrit une opération de prélèvement du cœur d’un prisonnier serbe, dans un endroit près de Kukes [dans le nord de l’Albanie] à la fin des années 1990 », a poursuivi le procureur. « Le cœur a été ensuite vendu sur le marché noir. Il décrit la procédure en détail », a souligné M. Vukcevic, selon lequel l’homme raconte aussi le transport de cet organe vers l’aéroport de la capitale albanaise, Tirana. M. Vukcevic affirme également que ses services ont « enquêté et vérifié les déclarations du témoin depuis plus d’un an ». « Nous estimons que l’information donnée par le témoin est véridique », a ajouté M. Vukcevic, précisant que le témoin faisait l’objet de « mesures de sécurité strictes » de la part des autorités serbes.

 

RAPPORT EUROPÉEN

Un rapport du parlementaire suisse Dick Marty, adopté en janvier 2011 par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, décrit un trafic d’organes présumé perpétré par des maquisards kosovars albanais sur le territoire albanais lors du conflit avec les forces serbes. Dick Marty évoque dans son rapport les noms d’anciens dirigeants de la guérilla indépendantiste kosovare albanaise, dont celui d’Hashim Thaçi, l’actuel premier ministre du Kosovo. Des accusations démenties par les autorités albanaises.

Les services du procureur estiment qu’au moins 300 prisonniers de guerre, notamment serbes, ont été transférés du Kosovo en Albanie voisine à la fin du conflit. Le cas des organes prélevés durant la guerre pourrait être lié à une autre affaire récente de trafic international d’organes dans une clinique de Pristina, qui fait l’objet d’un procès dans la capitale du Kosovo. Sept personnes, pour la plupart des médecins, sont jugés par des magistrats de l’UE pour transplantations illégales d’organes effectuées à la clinique Medicus, fermée en 2008.

 

LE KOSOVO ACCÈDE À SA PLEINE SOUVERAINETÉ

L’annonce de la justice serbe intervient alors que le Kosovo accédera lundi à sa « pleine souveraineté ». La fin de la « surveillance internationale » du Kosovo avait été décidée début juillet par le Groupe d’orientation sur le Kosovo, l’ISG, qui doit prononcer sa dissolution lundi. La Serbie refuse d’accepter l’indépendance du petit pays, reconnue par quelque 90 pays, dont les Etats-Unis et la plupart des Etats membres de l’UE.

Dans la soirée, le chef de la diplomatie kosovare, Enver Hoxhaj, a déclaré être au courant d’une volonté de la Serbie de « ternir » les célébrations de la pleine souveraineté du Kosovo. « Nous avons eu des informations précises [selon lesquelles] la Serbie allait sortir de très mauvaises informations sur le Kosovo. Nous ne connaissons pas les détails de cette information, mais il est vrai que la Serbie allait tenter de ternir un grand jour pour le Kosovo, a-t-il dit. Le moment choisi pour sortir une telle information est habituel pour la propagande d’un pays qui fonctionne toujours selon les règles de la guerre froide […] et une telle information ne doit surprendre ni le Kosovo ni le monde. »

 

LA SERBIE ÉVOQUE UNE « ERREUR HISTORIQUE »

Lundi, un haut responsable serbe a par ailleurs qualifié « d’erreur historique et tragique » la souveraineté du Kosovo. « Si, avec la fin de l’indépendance supervisée, la communauté internationale laisse aux institutions de Pristina le pouvoir de décider elles-mêmes […] sur les vies des Serbes et des autres non-Albanais, c’est une erreur historique et tragique », a réagi le directeur du bureau pour le Kosovo du gouvernement serbe, Aleksandar Vulin, estimant qu’une telle décision « n’incite pas à la confiance et à l’espoir ». La décision de l’ISG, qui regroupe 25 pays ayant soutenu l’indépendance du Kosovo, se traduira sur le terrain par la fermeture du Bureau civil international. Mais elle ne change rien aux missions en cours de l’Office de police et de justice de l’Union européenne, dont le mandat vient d’être prolongé jusqu’en 2014, et de la Force de l’OTAN au Kosovo, la Kfor. Le Kosovo, dont la majorité de la population est d’origine albanaise, a proclamé son indépendance de la Serbie en 2008. Celle-ci a depuis été reconnue par quelque 90 pays, mais la Serbie, qui s’y oppose fermement, encourage les 120 000 Serbes qui vivent toujours au Kosovo à braver les autorités de Pristina. L’amélioration des relations avec le Kosovo est la principale condition à remplir pour que la Serbie, qui a obtenu le statut de candidat à l’adhésion à l’UE en mars, puisse obtenir une date pour l’ouverture des négociations avec Bruxelles.

Du nouveau conflit en gestation….

Les Balkans, poudrière de l’Europe, demeurent une question sans réponse, sans solution surtout de la part de nos dirigeants. 400 d’occupation ottomane ne se balaient pas d’un revers de main, les traces restent profondes dans les cœurs et dans les esprits. Les années 90 ont connu ce que l’on a nommé pudiquement le « conflit yougoslave », au moment où l’on se préoccupe des mouvements salafistes au Mali et de leur contagion aux pays limitrophes, à la crise syrienne ou aux élections en Egypte, on semble oublier que la tension demeure explosive à nos portes…

 depuis 2011 à l’actuelle rentrée 2012, bien des choses se sont passées dans cette région du globe et promettent un réveil difficile. Si l’on y prend garde, on pourrait se réveiller un jour avec la une du 20h00 annonçant une nouvelle guerre avec la même surprise que lors de la chute du mur de Berlin ou du Printemps arabe. Rien n’arrive par hasard, un événement soudain prend sa source dans un passé que l’on occulte souvent.

Voici un petit rappel à travers une sélection d’articles de presse (Le Monde Diplomatique, euronews, albinfo.ch, de mars 2011 au 24 août 2012)

Au Kosovo, la « sale guerre » de l’UCK

Le Monde Diplomatique – par Jean-Arnault Dérens, mars 2011

Douze ans après le conflit qui devait conduire la province serbe à majorité albanaise sur la voie de l’indépendance, enquêtes et témoignages révèlent l’ampleur des exactions commises par des membres de l’Armée de libération du Kosovo (UCK). Les victimes se comptent aussi bien parmi les civils serbes que dans les rangs des rivaux politiques de l’UCK.

Le 27 octobre 1999, plusieurs mois après l’entrée des troupes de la Force de maintien de la paix au Kosovo (KFOR), la mission de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dans ce territoire placé depuis juin sous administration provisoire des Nations unies, M. Budimir Baljosevic, un enseignant de 50 ans, a tenté, en compagnie de quatre amis, de s’enfuir du « ghetto » où étaient parqués les Serbes d’Orahovac/Rahovec (1). Un Rom de la ville, M. Agron N., s’était proposé de les conduire à Rozaje, au Monténégro, contre 1 200 marks allemands (600 euros) par personne. N. avait de bons arguments pour justifier une somme aussi élevée : il travaillait auprès du Corps de protection du Kosovo (TMK), la structure supervisée par l’OTAN pour assurer la « réinsertion sociale » des anciens guérilleros de l’Armée de libération du Kosovo (UCK). N. avait déjà réussi quatre exfiltrations de Serbes d’Orahovac. Ce maçon construisait la nouvelle base du TMK dans la ville voisine de Djakovica/Gjakovë, et c’est justement là que se perd la trace des cinq Serbes. « Je me suis arrêté pour chercher mon beau-frère, qui devait partir en convoi avec nous. J’avais laissé les Serbes dans la voiture. Quand je suis sorti de la maison de mon beau-frère, on m’a crié de me cacher, et des inconnus ont enlevé les Serbes, dont on n’a plus jamais eu de nouvelles », explique N., qui a lui-même préféré s’exiler durant plusieurs mois à Novi Pazar, en Serbie, « par sécurité ». Le frère de M. Baljosevic a tenté à maintes reprises d’obtenir des renseignements sur les disparus, sans succès. « Des militaires italiens de la KFOR sont venus me voir, ainsi que des policiers des Nations unies, mais je n’ai jamais eu de nouvelles. » Le sort de ces disparus est tragiquement banal. M. Negovan Mavric tient un petit café à Velika Hoca, une enclave serbe située à quelques kilomètres d’Orahovac/Rahovec, et dirige la branche locale de l’Association des familles de personnes disparues. Il présente la liste des morts et disparus de la commune : les restes des dix-neuf Serbes enlevés en 1998 et 1999 ont été retrouvés, mais soixante-quatre autres personnes sont toujours manquantes, cinquante-cinq Serbes et neuf Roms. Le premier meurtre d’un civil serbe remonte au 12 mai 1998, quand ont commencé les affrontements entre la police serbe et la guérilla de l’UCK pour le contrôle de la petite région d’Orahovac, où vivaient alors de nombreux Serbes. Le dernier enlèvement a eu lieu le 28 juillet 2000, plus d’un an après l’établissement du protectorat international (lire « Des conclusions explosives »).

Les coteaux qui entourent Velika Hoca sont recouverts de vignes. Le paysage est clos par des sommets impressionnants qui marquent les frontières du Kosovo et de l’Albanie : le massif du Shar, celui de Pashtrik, les montagnes du Has et, plus au nord, vers le Monténégro, la Prokletijë, les « Cimes maudites ». Autrefois, Albanais et Serbes cohabitaient sans heurts dans la commune d’Orahovac/Rahovec, dont dépend le village. Depuis juin 1999, la présence serbe dans la région se réduit aux sept cents habitants de Velika Hoca et à trois cents autres terrés dans le ghetto de la ville haute d’Orahovac. Ils étaient près de dix mille jusqu’en 1999. Les Serbes ont été chassés des villages mixtes de Zociste, Opterusa ou Retimlije.

La majorité des « disparus » d’Orahovac ont été enlevés dès juillet 1998, quand l’UCK a brièvement investi la ville. Un groupe important de civils serbes du village de Retimlje a été conduit dans une base de cette organisation située dans le village voisin de Semetiste. Les femmes ont été libérées quatre jours plus tard par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge, tandis que les hommes, dont un adolescent de 16 ans, n’ont jamais été revus vivants. Certains corps ont été identifiés parmi les restes, découverts en avril 2005, de vingt et une personnes jetées dans une fosse commune située dans le village de Volujak/Valljakë, près de Klina, à plusieurs dizaines de kilomètres de là. Mme Olgica Bozanic, originaire d’Orahovac, réfugiée à Belgrade, milite au sein de l’Association des familles de personnes disparues. Elle a perdu ses deux frères, des oncles et des cousins, en tout près de dix parents. Elle affirme avoir eu des nouvelles de l’un d’eux par l’intermédiaire d’anciens voisins albanais, eux-mêmes détenus durant plusieurs mois par la guérilla pour collaboration supposée avec le régime serbe. Selon le témoignage de ces derniers, des Serbes de la région d’Orahovac auraient d’abord été détenus près de la principale base de l’UCK dans la région, dans le village de Drenovac/ Drenovcë. Après la fin de la guerre, ils auraient été transférés à Deva, un village des montagnes du Has jouxtant la frontière albanaise. Il semble que l’UCK y ait investi et transformé en centre de détention un ancien poste militaire après le retrait de l’armée yougoslave, en juin 1999. Les survivants d’Orahovac auraient ensuite été conduits à Kukës, en Albanie, puis à Durrës, sur la côte, où ces témoins albanais les auraient vus vivants, dans une prison de l’UCK, en 2001. Toutefois, on peut supposer que la grande majorité des Serbes enlevés avant la fin de la guerre ont été assassinés à l’intérieur des frontières du Kosovo. En revanche, la piste de ceux qui ont été enlevés après le déploiement des troupes de l’OTAN se perd, même si l’hypothèse de déportations vers l’Albanie est avancée depuis longtemps. A l’automne 1999, M. Sefko Alomerovic, président du Comité Helsinki du Sandjak de Novi Pazar — une structure régionale indépendante du Comité Helsinki de Serbie —, avait longuement enquêté à ce sujet. Son rapport est aujourd’hui introuvable, et M. Alomerovic est décédé en 2003.

Dans les entretiens qu’il avait accordés en 2000, il affirmait avoir pu visiter cinq centres de détention situés à l’intérieur du Kosovo. Il s’agissait de petites structures, souvent des garages ou des bâtiments industriels à la périphérie des villes, abritant de dix à cinquante détenus. L’ensemble de ce réseau de camps aurait été dirigé par un certain commandant Mala, de son vrai nom Alush Agushi, un proche de M. Ramush Haradinaj (2). Des familles de disparus auraient essayé de « racheter » leurs parents ; cependant, malgré des sommes d’argent importantes effectivement versées à des intermédiaires, aucune libération n’est jamais intervenue. De même, certains Serbes auraient été retenus en vue d’un échange contre des prisonniers albanais détenus en Serbie — dont le nombre était encore évalué à huit cents à la fin de l’année 2000. Là encore, il est impossible de confirmer le moindre échange. Selon certaines sources, beaucoup de détenus serbes auraient été exécutés en 2001, quand Belgrade a adopté une loi d’amnistie et libéré les Albanais suspectés d’avoir appartenu à l’UCK. Certains centres de détention situés au Kosovo auraient servi de « camps d’étape » avant un transfert des prisonniers vers l’Albanie. M. Alomerovic avait, le premier, évoqué un trafic d’organes, en supposant l’implication de réseaux criminels internationaux qui auraient acheté les organes fournis par les séides de l’UCK. Le long isolement des premiers investigateurs. Aucune enquête n’a fait suite aux révélations de M. Alomerovic, qui ont été rejetées par les organisations internationales présentes au Kosovo, notamment par la Mission des Nations unies (Minuk), alors dirigée par M. Bernard Kouchner. M. Alomerovic, militant connu de la défense des droits humains et opposant de longue date au régime de Milosevic, parlait d’un véritable « mur du silence » (3), la KFOR ayant, contre l’évidence, démenti l’existence du moindre centre de détention au Kosovo… Dans ses Mémoires, Mme Carla Del Ponte, ancienne procureure générale du Tribunal pénal international pour la Yougoslavie (TPIY), évoque elle aussi ce mur du silence auquel elle s’est heurtée quand elle a voulu enquêter sur les disparitions de civils serbes et sur l’hypothèse d’un trafic d’organes (4). Comme le souligne M. Dick Marty dans les nombreuses interviews qu’il a données depuis la publication du rapport dont il a été chargé par le Conseil de l’Europe (lire« Des conclusions explosives »), « tout le monde au Kosovo » était pourtant au courant des disparitions de civils serbes, mais aussi de la détention, durant la guerre, de nombreux « collaborateurs » albanais supposés du régime serbe. Un quotidien de Pristina, Bota Sot, n’a cessé, depuis 1999, de dénoncer les éliminations physiques de sympathisants de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), la formation de feu Ibrahim Rugova, durant et après la guerre. Bajrush Morina, son rédacteur en chef, résume la situation : « Depuis 1999, trois mille personnes ont été abattues au Kosovo, et seuls six cents de ces meurtres ont été élucidés. On a beaucoup parlé de vengeances familiales, mais, dans la grande majorité des cas, il s’agissait de meurtres politiques. » Le journal a lui-même payé son tribut de sang : deux de ses journalistes ont été abattus, et M. Morina a longtemps dû se déplacer sous la protection de gardes armés fournis par une compagnie privée de sécurité. Les informations publiées par le journal ont pourtant toujours été frappées de suspicion, en raison des liens que Bota Sot entretient avec la LDK.

Ce journal a aussi régulièrement évoqué l’existence de centres de détention au Kosovo et en Albanie, où étaient emprisonnés des Albanais accusés de « collaboration ». Le 28 février 2011 s’est ouvert devant le tribunal de Mitrovica le procès de deux anciens commandants de l’UCK, MM. Sabit Geci et Riza Alijaj, accusés d’avoir commis des crimes graves dans le camp de Cahan, situé dans les montagnes du nord de l’Albanie, à quelques kilomètres des frontières du Kosovo. Petit village de montagne, Cahan a servi durant la guerre de centre logistique à l’UCK et de base arrière pour les volontaires qui partaient se battre au Kosovo. M. Bedri Cahani, l’homme fort du lieu, reconnaît volontiers que les habitants de Cahan se livraient à la contrebande de cigarettes avec le Kosovo et qu’il a été recruté dès l’automne 1997 par la guérilla, notamment pour faire passer, de nuit, les combattants par la montagne. L’UCK utilisait comme base une ancienne caserne de l’armée albanaise, abandonnée en 1992, dont les bâtiments se dressent toujours à l’entrée du village. Pour rejoindre Cahan depuis la bourgade de Kruma, il faut suivre sur près de dix kilomètres une mauvaise piste de montagne. L’endroit est discret, et l’ancienne caserne a aussi abrité un centre de détention, évoqué par M. Marty. M. Z. Z. a séjourné deux mois et demi dans « l’enfer » de Cahan, et il sera l’un des principaux témoins protégés du procès de MM. Geci et Alijaj. Il évoque des mauvais traitements systématiques et des actes graves de torture. Certains détenus étaient forcés à avoir entre eux des relations sexuelles, d’autres ont subi des simulacres d’exécution. « Je suis probablement le prisonnier resté le plus longtemps à Cahan, et je n’ai rencontré que des détenus albanais », assure-t-il cependant. M. Z. Z. précise y avoir vu passer les chefs les plus importants de l’UCK, notamment M. Hashim Thaçi, l’actuel premier ministre du Kosovo. Toutes les personnes détenues à Cahan durant les mois de guerre du printemps 1999 auraient été, comme M. Z. Z., des cadres de la LDK, généralement arrêtés dans les villes de Kukës et de Kruma, où se pressaient les réfugiés chassés du Kosovo par les forces serbes. Certains étaient engagés dans les Forces armées de la République de Kosovo (FARK), le mouvement de guérilla concurrent de l’UCK créé, sans grand succès sur le terrain, par les partisans d’Ibrahim Rugova. Dans son rapport, M. Marty pointe la responsabilité particulière d’une faction interne au sein de l’UCK, qu’il nomme « groupe de la Drenica », citant les noms de MM. Hashim Thaçi, Azem Syla, Xhevat Haliti, Kadri Veseli, Fatmir Limaj, Sabit Geci ou Riza Alijaj. Ces anciens commandants de la guérilla sont effectivement originaires de la Drenica, mais ils ont un autre point commun : ils appartenaient tous au Mouvement populaire du Kosovo (LPK), un groupe clandestin d’inspiration marxiste-léniniste « envériste », c’est-à-dire favorable au régime stalinien albanais d’Enver Hodja.

Ce mouvement, né dans la diaspora albanaise de Suisse, disposait d’un assez large réseau de militants clandestins au Kosovo. C’est également le LPK qui prit l’initiative, en 1996, de créer l’UCK, fédérant les quelques groupes de francs-tireurs qui opéraient déjà dans le pays, principalement dans la région de la Drenica. Le plus célèbre de ces francs-tireurs, le « commandant légendaire » Adem Jashari, objet d’une véritable dévotion au Kosovo, a été tué par la police serbe le 6 mars 1999. Son cousin, M. Gani Geci, autre franc-tireur de la première heure, est resté en vie, échappant de peu à un attentat en 2001. Il n’a jamais rejoint le Parti démocratique du Kosovo (PDK), héritier direct du LPK. Issu de la famille des bajraktar — les « chevaliers de village » de l’Empire ottoman — du village de Llausha, au cœur de la Drenica, il a toujours milité dans les rangs de la LDK, puis d’une petite scission de ce parti, dont il fut député au Parlement du Kosovo lors de la précédente mandature. « Nous étions fidèles à Ibrahim Rugova, nous n’avions jamais entendu parler du LPK, ni d’ailleurs des FARK : pour nous, le sigle UCK fédérait tous les combattants. Quand les gens du LPK sont venus de Suisse, nous les avons accueillis. Ils avaient de l’argent, promettaient des armes, mais nous avons vite compris que seul le pouvoir les intéressait. » M. Geci réfléchit un instant, dans le somptueux oda, la pièce de réception traditionnelle de son immense demeure reconstruite après la guerre, avant de lancer : « De toute façon, ils n’ont jamais combattu les Serbes. Pour cela, ils comptaient sur l’OTAN. Ils se sont uniquement battus contre d’autres Albanais pour établir leur pouvoir absolu et, depuis la fin de la guerre, ils ont mis le Kosovo en coupe réglée. » Ces assertions sont largement confirmées par un rapport de l’OTAN datant de 2003 et récemment déclassifié, qui désigne M. Haliti comme le « parrain » du Kosovo, contrôlant l’essentiel des activités illégales, de la contrebande au trafic de drogue et à la prostitution. Cadre majeur du LPK, il était aussi notoirement connu comme un agent de la Sigurimi, les services secrets de l’Albanie stalinienne. Il est l’un des principaux chefs du « groupe de la Drenica » qui, en réalité, est identifiable aux structures dirigeantes du LPK et de l’actuel PDK. Pour parvenir à ses fins, le PDK pouvait compter sur un puissant instrument : le Shërbimi informativ i Kosovës (SHIK), un service de renseignement dirigé par MM. Veseli et Syla. A la fin de 2009, le Kosovo a été secoué par les révélations d’un ancien agent du SHIK, M. Nazim Bllaca, qui a publiquement reconnu le meurtre d’un collaborateur albanais de la police serbe. Placé en résidence surveillée dans l’attente de son procès, M. Bllaca peut à nouveau s’exprimer dans la presse. Dans une interview accordée en janvier 2011 au quotidien Koha Ditore, il affirme que le SHIK a abattu « six cents personnes dans les mois qui ont suivi l’instauration du protectorat international, un millier en une année ». Les langues commencent à se délier au Kosovo, du moins sur les violences commises par l’UCK contre des Albanais accusés de collaboration ou défendant une autre option politique que celle de la guérilla. En revanche, nul ne veut encore parler du sort des Serbes disparus. M. Z. Z. explique ainsi qu’à la fin de la guerre, il a été transféré du camp de Cahan vers la ville de Prizren, au Kosovo. « Je suis resté détenu plusieurs jours dans la cave d’une maison, en compagnie de sept Serbes âgés et d’un Rom. Nous étions deux prisonniers albanais du camp de Cahan, et nos geôliers nous forçaient à frapper les vieux Serbes. J’ai finalement été libéré par les soldats allemands de la KFOR, mais les Serbes avaient précédemment été emmenés vers une destination que j’ignore. » Nous n’avons pu trouver confirmation du fait que le camp de Cahan a aussi accueilli, après la fin de la guerre, des prisonniers serbes qui auraient été destinés à alimenter un trafic d’organes. En revanche, quand Cahan abritait un centre de torture destiné aux « dissidents » de l’UCK, au printemps 1999, cette base de la guérilla était régulièrement fréquentée par les hommes des unités spéciales de l’armée américaine (5).

Jean-Arnault Dérens

Rédacteur en chef du site Le Courrier des Balkans. Dernier ouvrage paru (avec Laurent Geslin) : Voyage au pays des Gorani (Balkans, début du XXIe siècle), Cartouche, Paris, 2010.

(1) La première forme est celle du nom serbe de la ville, la seconde, celle de son nom albanais.

(2) M. Haradinaj, ancien commandant de l’UCK dans l’ouest du Kosovo, a été premier ministre du Kosovo de décembre 2004 à mars 2005. Dirigeant toujours sa formation, l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK), il est actuellement détenu à la prison internationale de Scheveningen (Pays-Bas), en attente de son procès en appel devant le TPIY. En première instance, il avait été acquitté, plusieurs témoins à charge ayant été assassinés ou s’étant rétractés à l’audience.

(3) Cf. Vanja Mekterovic et Vladimir Radomirovic, «  Kosovo : l’archipel des camps de l’UCK  », 17 avril 2000.

(4) Carla Del Ponte, La Traque, les criminels de guerre et moi, Héloïse d’Ormesson, Paris, 2009.

(5) Ce que confirme notamment le témoignage d’un médecin australien : Craig Jurisevic, Blood on my Hands : A Surgeon at War, Wild Dingo Press, Melbourne, 2010.

Tension toujours vive au Kosovo

30/09/11 18:33 CET Copyright © 2012 euronews

Ce vendredi, à la frontière avec la Serbie, des soldats de l’Otan ont une nouvelle fois détruit une barricade serbe. Ce barrage a aussitôt été remplacé par des Serbes déterminés à continuer leur blocus des routes reliant le Kosovo à leur pays. Depuis deux jours, la population d’origine serbe a en effet renforcé ses barrages tandis que la Kfor, la force de maintien de la paix de l’Otan, est déployée en nombre. “Cette situation ne va pas être résolue par la violence. Les gens doivent rester calmes, une protestation pacifique est parfaitement légitime”, a cependant insisté Robert Sorensen, le chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo. L’atmosphère de violence est pourtant toujours bien là, notamment dans la ville divisée de Mitrovica, au nord. Après les violentes émeutes qui ont eu lieu ces derniers jours dans la région, l’Otan a prévenu qu’elle emploierait la force pour protéger ses troupes. De son côté, la Russie accuse l’organisation de violer les résolutions de l’Onu en prenant parti pour la majorité albanaise au détriment de la minorité serbe présente dans cette zone.

La Russie n’oublie pas les Serbes du Kosovo

17/12/11 00:03 CET Copyright © 2012 euronews

Hier, 25 camions d’aide alimentaire ont passé la frontière du Kosovo, escortés par les forces de police européennes et de la KFOR. Depuis plusieurs jours, le convoi était bloqué, car l’ambassadeur russe ne voulait pas passer par le poste-frontière de Merdare sous contrôle des autorités kosovares, autorités que le Kremlin ne reconnaît pas. Un compromis a finalement été trouvé. Et l’aide est arrivée à Zvecan, ville du Nord du Kosovo, où les Serbes continuent de résister au contrôle de Pristina. L’ambassadeur russe Alexander Konuzin a alors honoré la bravoure et la tragédie des Serbes, en faisant référence à Kosovo Polje, une bataille qui est souvent évoquée par les nationalistes serbes. Il a également apporté un présent de la part de Vladimir Poutine. Il leur a remis une icône de l’Eglise orthodoxe. Le mois dernier, 20.000 serbes du Kosovo avaitent réclamé la nationalité russe au Kremlin.

Message de paix du président serbe au Kosovo mais les tensions restent vives

07/01/12 02:03 CET Copyright © 2012 euronews

Boris Tadic a profité de la Noël orthodoxe pour se rendre dans ce territoire qui a proclamé son indépendance d’avec Belgrade en 2008. Les albanais du Kosovo y sont majoritaires. Le chef de l’Etat serbe s’est rendu au monastère serbe de Visoki Decani où il a passé la nuit. Un important dispositif de sécurité avait été déployé mais des jets de pierres ont néanmoins eu lieu contre le cortège présidentiel. Ils seraient l’oeuvre de militants d’Autodetermination, un mouvement ultranationaliste kosovar. Ces militants se sont ensuite heurtés à la police locale qui les empêchés de bloquer la route vers le monastère.  Ce regain de tension intervient alors que des leaders serbes ont annoncé la tenue d’un referendum à la mi-février. Une consultation jugée inconstitutionnelle par le président Tadic qui tente de privilégier le dialogue avec Pristina.

Le coup de force des Serbes du Kosovo

14/02/2012 19:26 CET  Copyright © 2012 euronews

Les Serbes du Kosovo vont-ils faire sécession ? Lors d’un référendum organisé sur deux jours, 35.000 électeurs sont appelés à se prononcer sur la reconnaissance de l’autorité du gouvernement kosovar. L’issue du scrutin ne fait aucun doute puisqu’ils n’ont jamais accepté l’indépendance de l’ancienne province serbe à majorité albanaise. Ce référendum n’a de toute manière aucune conséquence juridique. La Serbie s’est démarquée de cette action, affirmant même qu’elle nuisait aux intérêts de l’Etat. Belgrade a en effet entamé des pourparlers avec Pristina pour renouer des liens jugés essentiels par l’Union européenne pour une future adhésion de la Serbie.  Ce scrutin pourrait attiser les tensions déjà vives dans le Nord du Kosovo comme dans la ville divisée de Mitrovica. Le résultat du référendum est attendu ce dimanche.

Les Serbes du Kosovo maintiennent leur référendum

14/02/12 08:07 CET Copyright © 2012 euronews

Les Serbes du Kosovo votent ce mardi et ce mercredi. Un référendum organisé pour dénoncer les institutions albanaises de cette République officiellement indépendante depuis quatre ans, mais reconnue seulement par une partie de la communauté internationale. Le maire de la partie serbe de Mitrovica, Krstimir Pantic, explique s’attendre “ à une forte participation. Nous attendons des citoyens qu’ils envoient un message clair aux Albanais du Kosovo ainsi qu‘à la communauté internationale qui les soutient. Il y a aussi des hommes politiques à Belgrade qui ne sont pas en faveur des institutions albanaises et ne reconnaissent pas un Kosovo soit-disant indépendant.”. Les Serbes du Kosovo dénoncent les multiples concessions de Belgrade à l‘égard des Kosovars albanophones. Des arrangements destinés selon eux à faciliter le processus d’adhésion de Belgrade à l’Union européenne. Rmdan Ferizi, économiste albanophone rappelle que “ les Serbes du Kosovo ont organisé beaucoup de référendums par le passé mais aucun n’a été en leur faveur”. Il estime que “ les Serbes peuvent seulement mentir à leur peuple et retarder l’inévitable, à savoir que cette région a toujours fait partie du Kosovo et qu’il en sera toujours ainsi.” Sur les quelque 2 millions d’habitants du Kosovo, on compte environ 120 000 Serbes. Belgrade avait multiplié les pressions sur eux ces derniers temps pour qu’ils renoncent à leur projet de référendum.

Les Serbes du nord du Kosovo défient Pristina et Belgrade

15/02/12 03:54 CET Copyright © 2012 euronews

Ils organisent depuis hier et jusqu‘à la fin d’après-midi un référendum qui doit dire s’ils reconnaissent ou non l’autorité du gouvernement du Kosovo. Une autorité qu’ils ignorent depuis que ce territoire a proclamé son indépendance vis-à-vis de Belgrade, en 2008. A 90% peuplé d’Albanophones, le Kosovo abrite une importante minorité serbe dans le Nord, qui s’oppose à la souveraineté de Pristina. “Nous voulons juste dire clairement que nous voulons rester dans la République de Serbie. Les seules institutions qui pourraient rester dans le nord du Kosovo sont les institutions de Serbie”, explique cet homme. “Qu’est-ce que les institutions du Kosovo et les Albanophones ont apporté aux Serbes ? Ils ont apporté du sang et des larmes. Ils ont apporté la mort”, affirme cet autre. Le nord du Kosovo est depuis juillet dernier le théâtre de vives tensions ethniques. Belgrade a mis en garde les Serbes du Kosovo contre ce vote en faisant valoir qu’il risquait de nuire aux pourparlers entre la Serbie et le Kosovo ainsi qu’aux négociations en vue d’une adhésion à l’Union européenne.

Kosovo : 4 ans d’indépendance, des divisions profondes

18/02/12 05:34 CET Copyright © 2012 euronews

Le Kosovo a célébré ce vendredi le quatrième anniversaire de son indépendance. Des festivités étaient organisées dans la capitale Pristina, mais aussi à Mitrovica, dans le nord du Kosovo. Cette ville est divisée en deux avec une zone à majorité albanaise et une à majorité serbe. Entre les deux communautés, séparées par la rivière Ibar, les tensions persistent. Alors, en ce jour anniversaire, le maire de la partie albanaise, Avni Kastrati, a lancé un message d’apaisement. “J’aimerai que les Serbes de la partie nord se joignent à nous et participent à notre gouvernement”, a-t-il dit. “J’invite les responsables de la partie nord à changer d’attitude, à siéger au sein de nos organisations et à oeuvrer avec nous à la reconstruction du pays”. Par sûr que cet appel soit entendu… En milieu de semaine, les Serbes du nord du Kosovo ont rejeté à 99% la reconnaissance d’un Kosovo indépendant. C‘était à l’occasion d’un référendum. Un scrutin sans valeur légale, mais qui prouve l’antagonisme entre les communautés, et ce, alors même que l’Union européenne s’active pour favoriser un rapprochement. “Quatre ans après la déclaration d’indépendance et plus de dix ans après la guerre, les plaies sont encore vives, constate Michel Santos, l’envoyé spécial d’euronews, qui estime malgré tout qu’“il y a de la place pour la réconciliation”. “Mais, dit-il, tout dépend des hommes politiques.”

La Serbie passe un accord avec le Kosovo pour se rapprocher de l’Union européenne

24/02/12 18:53 CET Copyright © 2012 euronews

La Serbie et le Kosovo font un premier pas l’un vers l’autre. Belgrade et Pristina ont trouvé un accord de coopération régionale aujourd’hui à Bruxelles. Les Serbes du nord du Kosovo avaient fait un geste dès hier avec la réouverture de deux passages frontaliers bloqués depuis juillet. Pour Bruxelles, c’est un pas très important pour la Serbie qui brigue depuis longtemps le statut de candidat à l’Union européenne. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE devraient se prononcer sur ce point mardi prochain. “L’Union européenne prône l’idée d’une coopération régionale étandue, donc plus les gouvernements communiquent entre eux, le mieux c’est pour le bien-être et la sécurité de tout le monde”, a expliqué le conciliateur européen Robert Cooper. Les négociations ont été difficiles, a concédé le diplomate serbe Borko Stefanovic. Les deux camps en sortent gagnant estime le Premier ministre du Kosovo Hashim Thaçi : “Tout comme les accords de Rambouillet a apporté la paix, le Plan de Marti Ahtisaari a condontit à l’indépendance, l’accord de Bruxelles donne l’opportunité d’un Kosovo européen”. Belgrade, sans pour autant reconnaître l’indépendance de son ancienne province, accepte que Pristina prenne part aux conférences concernant les Balkans. Les accords de 2011 sur la libre-circulation et la gestion intégrée des points de passage sera aussi enfin appliquée.

Manifestation d’ultranationaliste à Belgrade pour soutenir les Serbes du Kosovo

18/03/12 09:00 CET Copyright © 2012 euronews

Importante manifestation d’ultranationalistes serbes à Belgrade en soutien aux Serbes du Kosovo ce samedi. Ce rassemblement coïncidait avec le 8è anniversaire de violences qui avaient fait huit morts parmi la minorité Serbe au Kosovo, des centaines de maisons avaient été pillées et des églises incendiées…

Serbie : crise et Europe en toile de fonds des élections générales

03/05/12 17:04 CET Copyright © 2012 euronews

Il n’y a pas que la France et la Grèce qui voteront ce dimanche. Les Serbes aussi sont appelés aux urnes pour des élections générales. Au programme : présidentielle, législatives, élections locales et même une régionale en Voïvodine. Concernant la plus haute fonction de l’Etat, deux hommes sont au coude à coude. Tomislav Nikolic est le candidat de la principale force d’opposition. Ancien ultra-nationaliste, il a créé le Parti serbe du progrès avec une ligne toujours populiste, mais désormais plus favorable à l’intégration européenne. C’est la troisième fois qu’il brigue la présidence. A chaque fois, il a été battu par Boris Tadic. Le président sortant espère obtenir un troisième et dernier mandat. A la tête du Parti démocratique, il est pro-européen de longue date. Il a d’ailleurs permis à la Serbie de décrocher, en mars, le statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne. A noter que les questions économiques, très présentes dans la campagne, notamment la lutte contre le chômage, pourraient peser dans le choix des électeurs. Même si selon toute vraisemblance, Nikolic et Tadic s’affronteront dans un second tour. Voilà pour la présidentielle. Au niveau des législatives, les formations de ces derniers sont au coude à coude, et le rôle de faiseur de roi devrait revenir une fois encore à l’actuel ministre de l’Intérieur Ivica Dacic et au Parti socialiste qu’il a profondément réformé après avoir succédé à Slobodan Milosevic.

Présidentielles en Serbie : Tadic et Nikolic au coude-à-coude

07/05/12 05:53 CET Copyright © 2012 euronews

Les socialistes serbes fêtent ce qui ressemble à une victoire. Pourtant, ils ne sont arrivés que troisième aux législatives. Cette position de faiseur de roi pourrait assurer à leur leader, l’ancien porte-parole de Slobodan Milosevic, la place de premier ministre. Car nationalistes et libéraux sont au coude-à-coude dans ces élections générales. Le président sortant pro-européen Boris Tadic est arrivé en tête avec 26,8% des voix selon des premières estimations. Sa formation, le Parti Démocratique, est au pouvoir en Serbie depuis 2000. Il a amené le pays aux portes de l’Union Européenne. La Serbie a obtenu le statut de candidat officiel à l’adhésion en mars dernier. Mais son rival Tomislav Nikolic, du Parti Serbe du Progrès, n’est qu‘à un point derrière lui, avec 25,6% des suffrages. De plus, ce parti nationaliste est arrivé légèrement en tête lors du scrutin législatif. Le candidat d’opposition est parvenu à canaliser le mécontentement de la population frappée par la crise – le taux de chômage atteint aujourd’hui 24%. Pour la première fois en Serbie, les questions économiques ont été au centre du débat électoral. Le deuxième tour de la présidentielle aura lieu le 20 mai prochain.

Présidentielle : les Serbes choisissent Tomislav Nikolic

21/05/12 18:04 CET Copyright © 2012 euronews

La Serbie a finalement décidé de changer de président. Contre toute attente, Tomislav Nikolic a été élu avec 49,55% des voix devant le chef de l’Etat sortant Boris Tadic. Ce dernier recueille 47,3% des suffrages. A Belgrade, les commentaires sur l’arrivée de Nikolic au pouvoir vont bon train avec notamment une question, va-t-il suivre la voie européenne ?  “Tout d’abord il faut régler le problème de la corruption. Et nous devons nous tourner vers l’Europe et garder ce cap parce qu’il n’y a pas d’autre alternative”, explique cet homme “Les élections montrent que le changement est imminent. Nous voulons une vie meilleure, de meilleurs emplois, nous devons nous tourner vers l’Union européenne ainsi que vers la Russie”, assure une autre personne. Au Kosovo, on s’inquiète de l’arrivée au pouvoir de Nikolic, dont les prises de position sur l’indépendance de la province sont très claires. “Ce n’est pas très bon pour la Serbie qui est sur le déclin”, commente ce retraité kosovar. “Tomislav Nikolic est le symbole même du radicalisme et du chauvinisme serbe”. Ancien allié de Slobodan Milosevic, Tomislav Nikolic a déjoué tous les sondages en remportant cette élection. Surtout ce vote ouvre une période d’incertitude politique pour le pays. La formation d’un gouvernement risque d‘être compliquée. Nikolic devra certainement se plier à une cohabitation avec les démocrates et les socialistes. Boris Tadic a reconnu sa défaite dimanche dans la soirée. Résolument pro-européen, il était au pouvoir depuis presque 10 ans. Tadic paye le prix du ralentissement économique qui fait exploser le taux de chômage en Serbie.

Présidentielle en Serbie : le nationaliste Tomislav Nikolic crée la surprise

21/05/12 01:04 CET Copyright © 2012 euronews

Contre toute attente, c’est le camp du nationaliste Tomislav Nikolic qui fête la victoire à l’issue du deuxième tour de la présidentielle en Serbie. Tomislav Nikolic est crédité de plus de 50 % des voix selon des résultats partiels, contre environ 47 % pour le président sortant Boris Tadic, donné favori. “Le résultat de cette élection montre, et je garderai mes promesses, que la Serbie n’entend pas se détourner du chemin européen, que la Serbie veut protéger son peuple au Kosovo, et que cette élection n’est pas un référendum pour ou contre l’Union européenne, mais l’occasion de résoudre les problèmes créés par Tadic et par le Parti démocratique”, a déclaré Tomislav Nikolic. Boris Tadic a reconnu sa défaite, “j’exhorte au maintien de la stratégie menant vers l’UE”, a-t-il ajouté. Cet europhile convaincu à permis à la Serbie d’obtenir le statut d’adhérent à l’UE en mars dernier. Tomislav Nikolic est quant à lui plus fraîchement pro-européen. Cet ancien allié de l’ex-homme fort de Serbie, Slobodan Milosevic, était plutôt catalogué comme populiste. Chacun des deux candidats avait fait campagne sur le redressement économique de la Serbie, confrontée à la crise et à un taux de chômage de 24 %.

L’ambivalence du nouveau président serbe

31/05/12 19:14 CET Copyright © 2012 euronews

Pas facile d’y voir clair dans le jeu du nouveau président serbe. Tomislav Nikolic, élu aux dépens de Boris Tadic le 20 mai dernier, a déclaré qu’il souhaitait intégrer l’Union européenne, mais sans renoncer au Kosovo. Le Kosovo, pourtant, a déclaré son indépendance en 2008, indépendance reconnue par une grande partie de la communauté internationale. Et les relations de Belgrade avec Pristina sont justement un sujet de brouille entre la Serbie et l’Union européenne. En outre, c’est en Russie que Tomislav Nikolic s’est rendu pour sa première visite, bien que non-officielle, après son élection. C’est à Vladimir Poutine qu’il a redit qu’il ne souhaitait pas laisser le Kosovo suivre sa route tout seul. Il a estimé, et à juste titre, que le chemin de la Serbie vers l’Europe serait longue et difficile…

Le président serbe nie le génocide de Srebrenica

02/06/12 00:53 CET Copyright © 2012 euronews

Le nouveau président serbe a crée la polémique ce vendredi en niant l’existence d’un génocide à Srebrenica en 1995. Tomislav Nikolic, élu il y a dix jours à la tête de l’Etat serbe, était connu pour ses idées nationalistes et populistes. Mais il avait promis d’adopter un ton plus ouvert, notamment pour satisfaire aux exigences des Européens. Or là, dans une interview accordée à une chaine de télévision du Monténégro, Tomislav Nikolic met de l’huile sur le feu et risque de raviver les tensions régionales. Parlant de ce qui s’est passé à Srebrenica durant la guerre de Bosnie, le président serbe estime qu’“il ne s’agissait pas d’un acte de génocide”. “Un grand crime s’est produit à Srebrenica, ajoute-t-il. Il a été commis par quelques Serbes, quelques membres du peuple serbe. Il faut les trouver, les juger et les punir. C’est tout. Il ne faut pas que cela provoque de conflits entre la Serbie et la Croatie, entre les Serbes et les Croates, entre les Serbes et les Bosniaques. Il ne faut pas que cela influence les relations entre nos pays”. En juillet 1995, près de 8000 musulmans ont été massacrés à Srebrenica par les forces serbes de Bosnie. La justice internationale a déjà qualifié cette tuerie de “génocide”.

Bruxelles appelle le nouveau président serbe à renforcer la coopération dans les Balkans

11/06/12 23:21 CET Copyright © 2012 euronews

Tomislav Nikolic a été investi président de la Serbie lundi lors d’une cérémonie protocolaire à Belgrade. Une cérémonie boudée par la plupart des chefs d’États de la région des Balkans suite à ses propos controversés sur le massacre de Srebrenica. L’Union européenne était représentée par le Commissaire à l’élargissement Stefan Füle. Ce dernier a appelé le nouveau président à intensifier le dialogue avec le Kosovo, condition sine qua non pour que la Serbie puisse ouvrir des négociations d’adhésion.” Je ne suis pas venu ici pour analyser tel ou tel propos. Je suis venu pour encourager le nouveau président et son gouvernement à renforcer de manière concrète la coopération et la réconciliation régionale”, a notamment déclaré Stefan Füle. Après son élection, Tomislav Nikolic avait déclaré dans une interview qu’il n’y avait pas eu de génocide à Srebrenica pendant la guerre de Bosnie en 1995. Ses propos avaient aussitôt provoqué un tollé dans la région des Balkans. Ils ont également été condamnés par l’Union européenne et les États-Unis.

Le président serbe, l’Europe et le Kosovo

14/06/12 22:07 CET Copyright © 2012 euronews

Le nouveau président serbe Tomislav Nikolic était en visite ce jeudi à Bruxelles. L’occasion de faire le point sur le dossier d’adhésion à l’Union européenne. L’Europe attend de la Serbie qu’elle instaure de meilleures relations avec les autorités kosovares, mais sans exiger la reconnaissance formelle de l’indépendance du Kosovo. Le dirigeant nationaliste serbe s’en est félicité.

Le médiateur européen chargé du dialogue Kosovo-Serbie cible de jets de tomates

21/06/12 23:53 CET Copyright © 2012 euronews

Robert Cooper et son équipe n’ont pas été atteints car ils se trouvaient à l’intérieur du siège du gouvernement à Pristina pour y rencontrer le Premier ministre Hashim Thaçi. Ce dialogue porte sur des questions techniques et non sur la proclamation d’indépendance de Pristina en février 2008, une proclamation fermement rejetée par Belgrade. Une centaine de militants du mouvement kosovar radical Autodétermination ont exigé l’arrêt des négociations avec Belgrade. “Nous nous opposons à tout marchandage avec la Serbie dans le dos des citoyens de la part de politiciens corrompus estime l’un des responsables du mouvement, Glauk Konjufca. Ce parti, le troisième du parlement kosovar est opposé à tout contact avec la Serbie et il prône l’unification du Kosovo peuplé en majorité d’albanophones avec l’Albanie voisine.  Hashim Thaçi a condamé l’incident en estimant qu’il nuisait à l’image européenne du Kosovo.

Affrontements à la frontière serbo-kosovare

29/06/12 07:55 CET Copyright © 2012 euronews

Des dizaines de personnes, plus d’une cinquantaine, ont été blessées à la frontière entre la Serbie et le Kosovo. Un groupe de 70 jeunes serbes venus visiter le site religieux de Gazimestan, près de Pristina, a été refoulé par la police kosovare pour “comportement agressif”. S’en sont suivi des échauffourées. Le Kosovo a déclaré son indépendance en 2008, indépendance toujours pas reconnue par la Serbie, ce qui crée régulièrement des tensions entre les deux pays.

La nouvelle coalition serbe se dit pro-européenne

10/07/12 22:03 CET Copyright © 2012 euronews

Un accord de coalition gouvernementale a été trouvé en Serbie, coalition qui s’engage notamment à accélérer le processus d’adhésion du pays à l’Union européenne. L’accord a été signé par les nationalistes du Parti progressiste du président Tomislav Nicolic, le Parti socialiste de Serbie, et Régions unies, un petit parti libéral. Aleksander Vucic, président du parti progressiste : “Ce n’est pas seulement un accord pour un nouveau gouvernement, c’est un accord pour une Serbie forte et juste, et qui sera à la fois tournée vers l’Europe et vers nos intérêts nationaux”. La nouvelle équipe dirigeante s’est aussi engagée à reprendre sans délai le dialogue avec le Kosovo, qui a déclaré unilatéralement son indépendance en 2008, indépendance toujours rejetée par Belgrade.

Kosovo: Ban Ki-moon préoccupé par les tensions dans le nord, à majorité serbe

Nouvel Obs – créé le 24-07-2012 à 16h55 – Mis à jour à 16h55

Ban Ki-moon, s’est déclaré mardi « préoccupé » par les tensions dans le nord du Kosovo, où les Serbes sont majoritaires, au cours de la première visite d’un secrétaire général de l’ONU dans cette ancienne province serbe, depuis la proclamation unilatérale de son indépendance en 2008. (c) Afp

Ban Ki-moon, s’est déclaré mardi « préoccupé » par les tensions dans le nord du Kosovo, où les Serbes sont majoritaires, au cours de la première visite d’un secrétaire général de l’ONU dans cette ancienne province serbe, depuis la proclamation unilatérale de son indépendance en 2008. « Je suis préoccupé par la situation dans le nord du Kosovo et l’escalade des tensions depuis un an », a déclaré M. Ban à la presse à son arrivée à l’aéroport de Pristina. « Il est essentiel que les questions complexes liées au nord du Kosovo soient résolues par un dialogue pacifique », a-t-il ajouté. La Serbie s’oppose fermement à l’indépendance du Kosovo, territoire peuplé de deux millions d’habitants, majoritairement d’origine albanaise. Belgrade encourage les quelque 120.000 Serbes, qui y vivent toujours, à braver les autorités de Pristina. Les tensions sont particulièrement fortes dans le nord — région adossée à la Serbie quasi exclusivement peuplée de Serbes –, notamment dans la ville divisée de Kosovska Mitrovica qui a souvent été le théâtre d’incidents. M. Ban, qui arrivait à Pristina en provenance de Belgrade, a demandé aux autorités kosovares et à celles de Serbie de déployer « des efforts soutenus en faveur de la normalisation des relations ». Il s’est ensuite entretenu avec la présidente du Kosovo, Atifete Jahjaga, et le Premier ministre, Hashim Thaçi, et devait rencontrer des responsables de la Mission de l’ONU au Kosovo. En saluant la visite au Kosovo du secrétaire général de l’ONU comme un événement « historique » pour ce territoire, M. Thaçi a posé comme condition à la reprise du dialogue avec Belgrade, entamé en mars 2011 sous l’égide de l’ONU, « la mise en oeuvre de tous les accords conclus jusqu’à présent ». Interrogé sur l’éventuelle présence d’un représentant de l’ONU à la table de négociations, comme demandé par le président serbe, Tomislav Nikolic, dans son entretien avec M. Ban la veille, M. Thaçi a déclaré que le rôle de la mission de l’ONU au Kosovo (Minuk) était « périmé ». « Le rôle de la Minuk appartient au passé alors que le présent et l’avenir doivent être consacrés au renforcement des institutions de la République du Kosovo », a-t-il souligné. Le secrétaire général de l’ONU a précisé dans une interview précédant sa tournée dans la région, que sa visite au Kosovo était « en accord avec la résolution 1244 » du Conseil de sécurité de l’ONU. Adoptée en juin 1999, la résolution 1244 — qui définit les modalités de la fin du conflit au Kosovo (1998-99) entre forces de Belgrade et la guérilla indépendantiste kosovare albanaise –, autorise un déploiement militaire et civil international dans ce territoire, dans le cadre d’une opération de maintien de la paix. La résolution prévoit une « autonomie substantielle » pour le Kosovo au sein de ce qui était alors la République fédérale de Yougoslavie (RFY: Serbie et Monténégro). Elle reconnaît « la souveraineté et l’intégrité territoriale » de la RFY, et évoque l’établissement ultérieur d’un statut final du Kosovo sans mentionner l’éventualité de son indépendance.

Serbie : Ivica Dacic investi Premier ministre

28/07/12 09:28 CET Copyright © 2012 euronews

Après plusieurs heures de débat, le Parlement serbe a approuvé vendredi la nomination du socialiste Ivica Dacic au poste de Premier ministre. Cet ancien porte-parole de Slobodan Milosevic prend la tête d’un gouvernement de coalition qui comprend également des nationalistes. Dans son discours d’investiture, Ivica Dacic a assuré que l’intégration européenne de la Serbie serait une priorité.

L’explosion d’une bombe tue deux soldats serbes

02/08/12 07:06 CET Copyright © 2012 euronews

Deux soldats serbes sont morts dans l’explosion d’une bombe à sous-munitions dans le Sud du pays. Ils tentaient de retirer d’un terrain des engins explosifs datant des bombardements de l’OTAN en 1999. Il en resterait encore des centaines. L’incident s’est produit sur la montagne Kopaonik, près de la frontière avec le Kosovo.

Vives tensions au Kosovo

Le Monde Diplomatique – de notre correspondant à Mitrovica – par Jean-Arnault Dérens, vendredi 29 juillet 2011

Le Kosovo, qui a proclamé en 2008 une indépendance contestée par Belgrade, a vécu une semaine d’extrême tension. Les violents incidents qui ont éclaté sur les postes frontière reliant le secteur nord du Kosovo, majoritairement serbe, à la Serbie, ont fait à nouveau basculer le pays dans l’inconnu. Les soldats américains de la Force de maintien de la paix au Kosovo (KFOR), la mission de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), ont repris les postes frontière, mais les Serbes conservent des barricades dans tout le secteur.

Tout a commencé lundi soir, quand les unités spéciales de la police du Kosovo (KPS) ont voulu prendre par la force le contrôle des postes frontière de Brnjak et de Jarinje. Ces postes sont situés dans le secteur nord, majoritairement serbe, du Kosovo, et ils ont toujours échappé, de facto, à l’autorité de Pristina. Les hommes du KPS ont réussi à atteindre le poste de Brnjak, mais ils ont été bloqués, avant d’atteindre Jarinje, par les Serbes de la petite ville voisine de Leposavic qui, alertés par les mouvements de troupe, ont immédiatement érigé des barricades sur la route montant de Mitrovica vers la frontière. Un face-à-face très tendu s’en est suivi. Mardi, à la suite d’accords négociés par la KFOR, la mission de l’OTAN au Kosovo, le KPS a évacué Brnjak, mais, en se retirant, il s’est heurté à des manifestants serbes armés. Une fusillade a éclaté. Bilan : un policier tué, et trois Serbes grièvement blessés. Le lendemain soir, le poste de Jarinje a été incendié par des jeunes « extrémistes » serbes, probablement liés aux groupes de hooligans qui pullulent dans le nord du Kosovo. La KFOR a rapidement repris les deux postes frontière, proclamés « zone militaire » : les soldats de l’OTAN contrôlent les passages et peuvent ouvrir le feu sans sommation. Depuis le début de la crise, la mission de l’OTAN est sur tous les fronts, non seulement militaires, mais aussi politiques : c’est le général allemand Erhard Buhler qui a mené, durant toutes ces journées d’extrême tension, des négociations parallèles avec le gouvernement du Kosovo et les émissaires de Belgrade. Par contraste, la mission européenne Eulex brille par son absence. Elle est pourtant précisément chargée d’« assister » le Kosovo dans la construction de l’Etat de droit, et dans la mise en place d’un service des douanes et d’une police frontalière. A Bruxelles comme à Pristina, les responsables européens jurent que le gouvernement du Kosovo ne les a pas avertis de l’opération visant à reprendre les postes de Brnjak et de Jarinje, ce qui sonne comme un flagrant désaveu. Il est vrai que la présence européenne au Kosovo manque fortement de cohérence. La mission Eulex a encore du mal à faire ses preuves dans le domaine judiciaire, même si elle a ouvert plusieurs importants procès pour crimes de guerre touchant d’anciens commandants de la guérilla albanaise de l’Armée de libération du Kosovo (UCK). Cette mission doit aussi mener l’enquête sur les allégations de trafic d’organes frappant le premier ministre Hashim Thaçi. Plus grave, le Bureau civil international (ICO), chargé de jouer un rôle – mal précisé – de « conseil politique » des institutions du Kosovo est en pleine crise. Jusqu’à présent, le chef de ce Bureau assumait également la charge de Haut représentant de l’Union européenne au Kosovo. Depuis la fin du mandat du Néerlandais Pieter Feith, les Européens sont incapables de se mettre d’accord sur le nom de son successeur. Le diplomate italien Fernando Gentili assume, à titre intérimaire, les seules fonctions de représentant de l’Union au Kosovo, tandis que plusieurs pays, dont la France, ont fait officieusement savoir qu’ils seraient favorables à une fermeture de l’ICO, justifiant cette pantalonnade par le fait que l’Etat du Kosovo serait désormais suffisamment « mûr » pour accéder à une « pleine indépendance », sans supervision internationale. Le moment choisi pour déclencher cette opération ne manque pas, non plus, d’être particulier : au début du mois de juillet, le dialogue entre Belgrade et Pristina avait atteint de premiers résultats, avec la signature d’accords aussitôt qualifiés d’« historiques » par l’Union européenne. De manière rétrospectivement bien ironique, ces accords portaient précisément sur la liberté de circulation entre le Kosovo et la Serbie. Pour avoir signé ces accords, le gouvernement de M. Thaçi a été vivement critiqué par l’opposition, qui a parlé de « trahison ». On peut supposer que l’opération de police visait, au moins en partie, à désamorcer ces critiques et à ressouder l’opinion publique kosovare, à un moment où les inculpations pour crimes de guerre se rapprochent dangereusement de l’homme fort de Pristina.

Euphorie patriotique à Pristina

De ce point de vue, l’objectif est atteint : une atmosphère d’union sacrée, voire d’euphorie patriotique, règne à Pristina. Tous les éditorialistes sont unanimes à estimer qu’il s’agit de « l’instant de vérité » pour le Kosovo, s’il veut rendre effective sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. Jeudi, le Parlement a voté à la quasi-unanimité une résolution de soutien, appelant le gouvernement à poursuivre l’opération. Le député Albin Kurti, dirigeant du mouvement radical Vetëvendosja (« Autodétermination »), estime que « le gouvernement ne peut plus faire marche arrière », et il a même appelé la présidente du Kosovo, Mme Atifete Jajhaga, à proclamer l’état d’urgence et la mobilisation générale. Le nord du Kosovo, qui échappe toujours à l’autorité de Pristina, constitue un point de fixation permanent pour la population albanaise. Ces dernières semaines, le gouvernement Thaçi avait multiplié les mises en garde, parlant des « réseaux mafieux et criminels » qui contrôlent cette zone. De fait, celle-ci constitue, depuis 1999, une véritable zone de non-droit. Selon la police serbe, beaucoup de « hooligans » condamnés pour des actes de violence en Serbie auraient trouvé refuge à Mitrovica-nord : ils seraient responsables de l’incendie, mercredi soir, du poste de Jarinje. Tous les mouvements radicaux de Serbie, comme le groupe Obraz ou le mouvement 1389, sont bien implantés dans le nord du Kosovo : « Des cadres venus de Belgrade se sont installés à Mitrovica, et ils n’ont eu aucun mal à recruter beaucoup de jeunes désœuvrés », explique le responsable d’une ONG locale, qui tient à garder l’anonymat. Le nord du Kosovo est toujours, de facto, administré par des structures « parallèles » serbes, largement dominées par des partis de l’opposition nationaliste, notamment le Parti démocratique de Serbie (DSS) de l’ancien premier ministre Vojislav Kostunica. Depuis 2008, Belgrade mène un patient travail d’influence pour reprendre le contrôle de ces structures ou, du moins, en marginaliser les éléments les plus radicaux. Le gouvernement ne manque pas d’arguments sonnants et trébuchants : les salaires, les pensions de retraite, les aides sociales versées par Belgrade représentent toujours la principale ressource des Serbes du nord du Kosovo, même si des coupes sérieuses ont été opérées ces dernières années dans les budgets publics. Pourtant, dans ce vase clos que constitue le nord du Kosovo, chacun s’observe et tout se sait : il peut se révéler très dangereux de manifester une opinion « différente ». Parmi la population serbe, un point fait de toute façon consensus : cette région n’appartient pas au Kosovo et Pristina ne peut pas couper le cordon ombilical qui la relie à la Serbie. « Pristina parle de contrebande, s’indigne un retraité, mais si je ne peux pas me rendre en Serbie pour acheter des poivrons, si je dois changer mes plaques d’immatriculation serbes pour des plaques du Kosovo qui ne me permettront pas de circuler en Serbie, je n’ai plus qu’à crever. C’est sûrement ça, la stratégie de Pristina : étouffer le nord du Kosovo, en lui coupant l’accès à la Serbie. »

Impéritie européenne

Malgré la fragile accalmie qui prévaut depuis jeudi, l’heure reste donc à la mobilisation : alors que des soldats américains de la KFOR ont pris les postes frontière dans la nuit de mercredi à jeudi, les Serbes conservent des barricades, bloquant notamment tous les accès à la zone sud du Kosovo, contrôlée par Pristina. L’évolution de la crise est difficilement prévisible. Mais quelques leçons peuvent d’ores et déjà en être tirées, notamment sur l’impéritie des missions européennes déployées au Kosovo. La nouvelle radicalisation des deux communautés laissera également des traces, longues à effacer. Le dialogue entre Belgrade et Pristina, qui doit normalement reprendre en septembre, semble sérieusement compromis. Théoriquement, ce dialogue doit porter sur des questions pratiques, de nature à faciliter la vie des citoyens. Vendredi, le publiciste kosovar Veton Surroi a toutefois estimé que la question du nord devait être posée de toute urgence. C’est ouvrir la voie à un débat sur le statut du Kosovo, que Pristina refuse catégoriquement, estimant que son indépendance est irréversible et qu’il n’y a donc plus rien à discuter en la matière. D’autres options pourraient toutefois revenir à l’ordre du jour, comme celle d’un éventuel partage territorial, dont les conséquences régionales pourraient se révéler extrêmement dangereuses.

Le salafisme menace le Kosovo

Albinfo.ch – 25/08/2012 – 08:13 | M.SH.

Jane’s Intelligence Review: la présence du Salafisme dans les Balkans est une tendance de rupture de la cohabitation

 «Jane’s Intelligence Review (JIR)»: l’insertion du salafisme dans la communauté islamique dans les Balkans apparaît comme une tendance radicale menaçant la coexistence et le vivre ensemble. Les différends qui ont récemment éclaté dans la Communauté islamique au Kosovo entre les interprètes de la religion (les imams), mais aussi entre la communauté de foi islamique ont été analysés de manière intéressante par la revue  » Jane’s Intelligence Review « . L’insertion du salafisme dans la communauté islamique dans les Balkans apparaît comme une tendance radicale menaçant la coexistence du vivre ensemble. Selon le JIR, la croissance du radicalisme islamique est devenue dans le monde entier une préoccupation majeure pour la communauté internationale. Cette forme radicale de l’Islam s’est installée dans la région, et particulièrement au Kosovo, à l’issue des conflits dans les Balkans occidentaux. Jusqu’à cette époque, la population musulmane dans les Balkans était dotée d’une tradition séculaire laïque et modérée, basée sur les enseignements d’un islam libéral, rapporte le magazine. Après les années 90’, des milliers de musulmans radicaux, nés principalement à l’étranger, sont arrivés en Bosnie pour aider leurs «frères en détresse», mais aussi, pour répandre l’idéologie extrémiste dite salafiste en Europe de l’Est. L’introduction de ce courant, comme le souligne le magazine, a conduit à une série de conflits internes au sein du clergé au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine, en Albanie, Macédoine, mais aussi, entre les adeptes des doctrines libérales, comme les «Hanafi», les «soufis» et les traditions ultra-conservatrices des salafistes. « Les récents incidents violents laissent supposer que la propagation de l’islam radical dans les Balkans occidentaux pourrait constituer une menace pour la stabilité régionale», écrit JIR. Le journal JIR nous apprend que l’introduction du salafisme a été importée par certaines organisations islamiques après la fin de la guerre en 1999. Pour illustrer l’introduction de ce courant, le JIR cite l’imam du village de Marin (Skenderaj, Kosovo), Kastriot Duka, qui a d’abord été arrêté puis expulsé vers l’Albanie. L’article du JIR se réfère également à un autre cas survenu en 2011 où deux individus barbus ont profané les tombes juives à Prishtina. «Le porte-parole de la police a déclaré que les auteurs présumés sont des partisans extrémistes wahhabites», rapporte le journal. Toujours dans le même ordre d’idée, le JIR cite une des déclarations du ministre de l’Intérieur, Bajram Rexhepi, où ce dernier admet qu’il existe des groupes Salafistes extrémistes et font l’objet d’une surveillance par les forces de sécurité en cas d’actes douteux.

 En 2009, il a été signalé que neuf extrémistes salafistes avaient battu le mollah Osman Musliu, chef de la Communauté islamique de Drenas qui avait critiqué avec virulence le radicalisme religieux. Le mollah Osman Musliu est l’imam qui, le 7 mars 1998, avait prononcé les prières pour l’enterrement de la famille martyre Jashari à Drenica . A cette époque, 50 membres de la famille Jashari avaient été massacrés à Prekaz par les forces serbes. JIR mentionne aussi quelques autres cas dans lesquels des imams libéraux et traditionnels ont été battus par des salafistes. « La police a signalé d’autres attaques contre des fonctionnaires de la Communauté islamique du Kosovo, dont Sabri Bajgora – président des Imams au Kosovo. Des sources officielles ont confirmé pour le JIR que les salafistes possède assez de ressources pour attiser la haine et créer des tensions entre les Albanais musulmans, catholiques et orthodoxes. Le JIR explique que l’islam au Kosovo est présent depuis l’occupation ottomane au XVIe siècle, et a connu depuis lors une évolution stable. Les musulmans au Kosovo sont généralement héritiers de l ‘Islam ottoman, qui repose essentiellement sur les enseignements hanéfites et Bektashi. Ces deux doctrines existent depuis des siècles au Kosovo, depuis les débuts de l’influence ottomane dans les Balkans. De même, ledit journal relève que le Kosovo reste l’un des pays les plus pauvres d’Europe. « Selon les données de la Banque mondiale, on estime que le taux de chômage pour 2010 et 2011 s’élève à plus de 45%, tandis que 17% de la population vit dans l’extrême pauvreté. » Dans cet article, la menace des pays voisins du Kosovo est également évoquée. Le JIR signale que le Kosovo est mis en péril par les pays de la région comme la Macédoine et la Bosnie, d’où provient l’endoctrinement des courants islamiques radicaux. «Les adeptes du salafisme ont profité de la fragilité de la région des Balkans occidentaux, de l’instabilité politique et du niveau élevé du chômage, pour pousser les musulmans ordinaires vers des courants extrémistes et fondamentalistes», conclut l’auteur de l’analyse.

L’OTAN renforce la KFOR avec 700 soldats

24/08/2012 – 10:33 | albinfo.ch

Suite à la demande de l’OTAN, Berlin va envoyer un contingent de 700 soldats au Kosovo.

 L’OTAN va renforcer ses troupes avec 700 soldats supplémentaires. Les forces spéciales sont stationnées dans le nord du Kosovo, où la situation sécuritaire reste fragile. L’OTAN avait demandé que 700 soldats allemands et autrichiens soient déployés pour les événements prévus cet automne, rapporte le quotidien «Der Spiegel». «Ces troupes remplaceront les troupes italiennes », stipule le communiqué de presse. C’est la troisième fois en un an que les soldats allemands du contingent ORF (opération de réserve) vont devoir se rendre au Kosovo. « Le gouvernement allemand soutient les efforts de l’OTAN déployés pour stabiliser la région et améliorer la sécurité dans le nord du Kosovo », explique « Der Spiegel». Près de 5.800 soldats de la KFOR sont actuellement stationnés au Kosovo. Les troupes de l’OTAN ont été déployées après que l’armée serbe, la police et les forces paramilitaires ont été chassées du Kosovo en juin 1999. Dans un premier temps, dans le cadre de la mission de l’OTAN, près de 60’000 soldats de la KFOR avait été envoyés au Kosovo. A mesure que la situation sécuritaire s’est améliorée, le nombre de soldats a diminué aussi. En 2010, le nombre de troupes a été réduit à 10 000 soldats. Puis, dans le cadre d’une réadaptation, ces troupes ont à nouveau été réduites à 5 800. Cet automne, des pourparlers politiques entre Pristina et Belgrade sont attendus. L’un des points qui va devoir être soulevé concernera la question du nord du Kosovo. C’est pourquoi, la situation dans cette région, habitée par des Serbes, risque de se dégrader et faire monter les tensions. Fort de ce constat, l’OTAN a décidé de jouer la carte de la prévention en augmentant son contingent de sécurité avec 700 soldats supplémentaires.

Catégories :Kosovo-Balkans

De l’économie actuelle, petit rappel…

L’économie a pris une place prépondérante dans notre civilisation moderne, multiforme, elle se développe de façon exponentielle et touche des secteurs très différents, plus qu’un moyen, c’est devenu une fin. A l’origine, il s’agissait d’échanger des biens à l’échelle des individus, puis des clans, des villages, des Nations, des groupes de Nations, des Empires, désormais, les échanges s’effectuent à l’échelle de la planète. On peut toutefois échanger entre individus, comme il y a quelques milliers d’années, mais les transactions s’effectuent par le biais d’outils planétaires, complexes, et très rapides (presque instantanés). Il ne s’agit plus de se procurer des produits de première nécessité, des bien permettant de passer une semaine, ou une saison comme hiver rigoureux, les besoins de nourriture, de logement, de vêtement sont en grande partie réglés. On ne subit plus un milieu hostile, notre environnement est largement anthropisé, maîtrisé parfois, contraint souvent, même si la nature nous rappelle notre fragilité à chaque catastrophe naturelle ou industrielle…

La seule hostilité qui peut s’opposer à nous est désormais humaine, les seuls risques que nous courrons réellement ont pour origine nous-mêmes…

D’une agression dans la rue à une guerre, c’est l’humain qui en est à l’origine, de la précarité au dénuement qui laisse nos semblables vivre dans la rue, nous en sommes les principaux responsables. Cependant, la prise de décision nous échappe de plus en plus, nous l’avons en effet abandonné à d’autres lois que l’on s’est imposé : l’économie de marché et l’accumulation de richesses. Il ne s’agit plus d’échanger directement une marchandise contre une autre (sauf accord internationaux entre Etats). Un produit représente une certaine richesse aux yeux de celui qui le convoite, c’est lui qui en fixe la valeur. Cette valeur est exprimée en un autre produit, commun à tous, qui ne peut se consommer, mais qui sert d’étalon pour estimer la valeur d’un produit : l’argent.

Cette nouvelle invention n’a aucune application comparable aux autres biens, il ne se mange pas, ne sert pas de vêtement ou de matériau de construction, il n’a aucune utilité par lui-même. En revanche il a une grande utilité à travers ce qu’il représente, à travers la confiance que l’on place ne lui. Une monnaie est forte lorsqu’n maximum de personnes lui accordent leur confiance, lorsqu’un grand nombre d’individus souhaite acquérir cette monnaie plutôt qu’une autre (comme nous l’avons déjà fait pour l’or à défaut d’un autre métal). Lorsqu’un grand nombre de personne souhaite se défaire d’une monnaie, celle-ci perd sa valeur et très rapidement sa force. Il n’est plus question alors de rareté d’un bien mais bien de la confiance qu’on lui accorde. Cette règle est accompagnée, renforcée même, par l’appât du gain qui se manifeste bien souvent par la spéculation, c’est-à-dire la volonté de tirer un maximum de profit d’un bien, au-delà de sa valeur réelle. C’est ainsi que l’on a créé ce que l’on nomme l’économie virtuelle. Le principe est très simple. lorsqu’une matière précieuse sert de base aux échanges marchands (l’or ou l’argent par exemple), il se présente sous une forme qui garantie sa masse, son poids, selon une échelle d’unités de valeurs, pour cela nous avons créé des disques de métal d’une taille et d’un poids précis, correspondant à une valeur précise : la pièce de monnaie.

La pièce a la valeur qu’on lui accorde, certaines sont plus rares que d’autres, leur valeur est accrue par la volonté des individus de se la procurer. Ainsi, sont apparues les pièces de collection, dont la valeur réelle dépasse la valeur initiale au moment de leur création. Dans le même esprit, on a créé un autre support, de valeur égale à celui de la matière précieuse, mais plus pratique à l’emploi et meilleur marché pour l’émetteur, il s’agit d’un support qui dispense d’utiliser de la matière précieuse, grâce à la confiance qu’on lui accorde : le billet (assignat ou billet de banque, titre au porteur, reconnaissance de dette, etc). Lorsque la confiance est forte, la monnaie ainsi créée est forte, lorsque la confiance disparaît, la monnaie perd de sa valeur jusqu’à ce qu’elle se rapproche de la valeur réelle de sa matière (on utilisait jadis les fameux emprunts russes comme papier peint bon marché après la crise….). Il en est de même aujourd’hui avec les nouvelles monnaies crées comme l’Euro. Avant lui existait l’Ecu, il s’agissait d’une monnaie purement comptable, servant à exprimer la valeur d’une transaction, entre Etats ou groupes d’Etats le plus souvent, on pouvait ainsi signer des contrats commerciaux exprimés en Ecu pour exporter ou importer des marchandises (pétrole, gaz naturel, véhicules, usines clef en main, armement, etc). Cette monnaie coexistait avec les monnaies nationales, servant aux transactions quotidiennes dont l’ambition était de permettre les échanges entre les particuliers, tandis que l’Ecu servait de monnaie de référence entre les Etats, et ambitionnait de concurrencer le Dollar. Par la suite, la volonté des dirigeants européens a approfondi la construction européenne en imposant une monnaie unique dans la vie de tous les jours, de sorte à doter l’Union Européenne d’une monnaie similaire et concurrente du Dollar. C’est ainsi que l’Euro est devenu la monnaie commune à tous les Etats européens, comme le Dollar est la monnaie commune à tous les Etats américains. Le problème est que cette monnaie n’a pas été acceptée par la population, il a été nécessaire de la lui imposer. Le manque de confiance dans cette monnaie l’a fragilisée, ce qui a posé un premier grave problème. Son cours, sa valeur est maintenue par la seule action des gouvernements qui agissent de concert pour maintenir sa valeur à un taux précis, une sorte de cours forcé…

Les conséquences sont désastreuses, faute d’avoir su créer la confiance, la méfiance reste de mise, en outre, la flambée des prix a considérablement accru le ressentiment contre cette nouvelle monnaie, et a alimenté la volonté de revenir aux anciennes monnaies nationales. Le manque de volonté de résister à la crise (celle de 2008 et les suivantes) et aux attaques prévisibles contre cette monnaie, ont achevé le peu de confiance qu’elle pouvait encore susciter. Désormais, les pays en crise comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Italie ou l’Irlande, songent de plus en plus à se débarrasser de cette monnaie qui cristallise toutes les rancœurs. Ces pays subissent la crise de plein fouet et leur économie en subit les conséquences, le pouvoir d’achat également, leur dette ne cesse de s’accroître, alimentée par des plans de rigueurs successifs, toujours plus lourds à supporter. A cela s’ajoute maintenant les pays à l’économie plus forte comme la France ou l’Allemagne, dont la population refuse de payer pour le redressement des plus faibles, et reprochent (souvent avec justesse d’ailleurs) l’incompétence de leur gouvernants à sauver cette monnaie qu’on leur a imposé contre leur volonté. Dans ces pays également, la volonté de revenir aux monnaie nationale grandit et prend des proportions telles qu’une telle décision est passée de la contestation à un véritable projet politique.

Désormais, cette monnaie est si fragile, qu’il suffit qu’un seul pays quitte la zone euro, pour entraîner avec lui d’autres pays. Si la Grèce, par exemple, abandonnait l’Euro pour revenir à la Drachme, elle trouverait sans doute plus de soutient à Moscou qu’à Bruxelles. Une telle décision lui permettrait aussi de participer à la création d’un Bloc Balkanique avec la bienveillance russe, pour ainsi créer une nouvelle entité politique, économique et militaire, plus en adéquation avec ses aspirations. Les conséquences d’une telle création seraient d’une importance mondiale. La Russie pourrait désormais compléter son influence grandissante au-delà de l’Ukraine (ce qui lui donne déjà le quasi contrôle de la Mer  Noire), elle pourrait désormais rayonner en Méditerranée, pour ses débouchés commerciaux au Maghreb et au Proche-Orient, sans parler de son influence militaire accrue dans des pays comme la Syrie, l’Iran ou la Palestine…

Les intérêts américains et, dans un autre mesure, européens, seraient alors particulièrement menacés. Israël en premier lieu, verrait bon nombre de pays arabes se tourner vers Moscou pour des accords commerciaux, énergétiques, et militaires. La Turquie serait également visée par le ressentiment du Bloc Balkanique nouvellement constitué, la Grèce en chef de file, pour récupérer des territoires annexés comme Chypre (question que les dirigeants européens ont été incapable de régler), ou encore pour revendiquer à leur tour de nouveaux territoires stratégiques comme le détroit du Bosphore qui permettrait alors une liaison directe entre la Mer Noire et la Méditerranée, au grand bénéfice de la Russie. C’est sans compter la question du génocide arménien et grec qui reviendrait sur le devant de la scène, en soutien aux population grecques et arméniennes, dans une démarche de séduction russe, mais aussi pour affaiblir financièrement ce puissant des Etats-Unis à travers des indemnités colossales, à la hauteur de l’épouvantable massacre des populations chrétiennes en Anatolie au cours de la première guerre mondiale. Cela entraînerait dans la foulée une grave crise en ex-Yougoslavie où les populations orthodoxes (Serbes pour la plupart) trouveraient un allié de poids contre la présence musulmane hérité de l’Empire Ottoman après 400 ans d’occupation. Il est fort envisageable que la république des Serbes de Bosnie ou du Kosovo demanderaient et obtiendraient l’indépendance, comme l’a fait le Kossovo sur une base ethnique et religieuse, la première ne Europe depuis la seconde guerre mondiale…

Ainsi, la reconstitution d’une Grande Serbie serait particulièrement envisageable au sein du Bloc Balkanique nouvellement constitué, mais aussi au sein de l’influence russe grandissante dans la région. Cette influence lui offrirait un débouché maritime sur deux mers, avec un rayonnement sur les anciens pays alliés de l’Union soviétique ainsi que des nouveaux, un débouché terrestre en direction de l’Europe comme nouveau partenaire économique en tant que tel ou auprès de chaque Etat (si l’Union Européenne venait à disparaître suite à la disparition de l’Euro), ce serait véritablement une nouvelle puissance économique, politique et militaire qui se constituerait en Europe et peut-être, dans une certaine mesure, le rêve du Général de Gaulle de créer une Europe de « Brest à Vladivostok »…

L’économie mondiale serait profondément bouleversée, avec un nouveau pôle économique, particulièrement dynamique, disposant de nombreux débouchés, face à une Chine présente mais connaissant de grave problème internes, attisant la méfiance, voire l’hostilité, de populations africaines. Que dire alors d’une Amérique devant faire face à une nouvelle puissance pas vraiment amicale, pouvant s’allier à des pays ouvertement hostiles à une présence occidentale en générale, américaine en particulier. C’est un défi important pour le nouveau Président qui devra être désigné d’ici la fin de l’année. Gustave le Bon a écrit en 1918 (le déséquilibre du monde) que les économies sont toutes liées les unes aux autres, qu’un pays ne peut s’enfermer dans ses frontières sans en subir de graves conséquences, souvent désastreuses pour son économie. Près d’un siècle plus tard, cette affirmation se vérifie, les économies, les monnaies sont liées les unes les autres, non seulement au niveau des Etats, mais au niveau mondial désormais. La faillite d’une monnaie, d’un pays ou d’un groupe de pays affecte le reste du monde. La nature a horreur du vide dit-on, la disparition d’un régime politique, est remplacé par un autre, l’effondrement de l’Union Européenne déjà largement engagé, pourra permettre l’émergence d’un Bloc Balkanique. Ailleurs, la disparition de dictateurs au pouvoir durant plusieurs décennies (avec lesquels tous les gouvernements s’accordaient avant de les fustiger…), ont cédé la place à d’autres dirigeants non moins autoritaires : les laïcs ont cédé la place aux religieux comme en Afrique du Nord.

Malgré les bouleversements de régimes, les relations économiques demeurent, ont pourrait dire que les régimes passent mais l’économie demeure. Tant que les individus ou les Etats auront besoin des ressources de leurs voisins, ils seront contraints de composer avec. Durant la période soviétique, des échanges avaient lieu entre Est et Ouest, actuellement, on dénonce des régimes religieux totalitaires, mais cela n’empêche pas de commercer avec, même en cas d’embargo, le commerce demeure, il devient sous-terrain, mais il demeure. En Palestine, les très nombreux tunnels alimentent les zones soumises à embargo, désormais, le nouveau pouvoir égyptien sera sans doute moins conciliant que l’ancien et tendra sans doute à accélérer les approvisionnements en destination de la bande de Gaza. Auparavant, le régime de Irakien de Saddam Hussein commerçait avec de nombreux pays, que dire alors de la Syrie…

Il semble que les rapports économiques soient plus forts que les régimes politiques ou religieux, c’est une question de besoin toujours, d’appât du gain souvent, d’accords politiques parfois. Rien ne se perd, tout se transforme…

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